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ILIMBE-ILIMBE
18 avril 2010

Malimba-océan : la palourde, une vraie source de revenu

Ngon'a Mboa na béhonas o Bwembo

Produit de mer, on dit de la palourde qu’elle a plusieurs vertus. Sa digestion facile et sa chair molle font dire d’elle qu’elle est une viande sans os. Selon les diététiciens, la palourde est conseillée pour les personnes âgées. « Elle a des effets régénératrices sur le système sanguin », disent-ils. « La palourde est très nutritive. Certains vous diront que ce produit de mer peut guérir des maux de ventre et certaines maladies gastriques. Nos parents nous disaient qu’ils s’en servaient très souvent comme médicament. Tout ce qui provient des eaux a des vertus incommensurables. La palourde est bénie. C’est un don de Dieu aux peuples Sawa  », soutient Rose Bekombe, membre du GIC FAM. Et de poursuivre : « Pour nous les Malimba, la palourde est tout ce que nous avons de sacré. Elle est une richesse. Notre histoire est étroitement liée à celle de la palourde. Si elle n’avait existé, il aurait fallu qu’elle fût créée. Grâce à la palourde, la femme Malimba peut s’affirmer elle-même. Je pense que nous devons remercier le Seigneur pour avoir crée cette merveille de la nature qui est un atout pour notre développement »

Très prisée, la palourde crue ou séchée est succulente et d’un goût exquis. Sa chair se mâche facilement.

Comment est pêché ce mollusque…

Bien qu’elle ait été de par le passé une activité exclusivement féminine, la pêche de la palourde est aussi de nos jours une activité pour hommes. François Belle, rencontré samedi 20 mars à Bolunga, un village Malimba sur les rives de la Sanaga, à un jet de pierre du « site du peuple Malimba », a tenu à partager son expérience avec le reporter du quotidien Le Messager. Rentré au village après un séjour infructueux à Douala où il a vécu pendant plusieurs années, comme tous les jeunes attirés par les sirènes de l’exode rural, François Belle, la trentaine dépassée, s’est mis à l’école de la pêche de la palourde. « Comme tous les jeunes que vous voyez autour de moi, j’ai appris cette pêche ici au village. Ce n’est certes pas facile. Mais Il suffit d’avoir de la volonté et savoir nager. Revenu au village, il me fallait bien faire quelque chose pour vivre. Du coup, je me suis rendu compte que la pêche de la palourde offrait de bonnes perspectives », dit-il. Assis dans une pirogue en compagnie de deux autres compagnons, «  Mr le Gouverneur », comme se plaisent à l’appeler les uns et les autres dans son village, s’éloigne de la berge à bord de son embarcation. Quelques mètres plus loin, il se sert d’une longue perche pour repérer les gîtes de palourdes. Le repérage effectué, la pirogue est immobilisée et, à l’aide d’une épuisette, François, sous le regard des curieux, se jette à l’eau. Moins de cinq minutes après, il en ressort avec une dizaine de coquillages au fond de sa nasse.

Ce mouvement est répété plusieurs fois jusqu’à l’obtention de la quantité voulue. « Par jour, nous pouvons pêcher jusqu’à cinq sacs de palourdes. La pêche, parfois, nous prend toute une journée. Il faut au préalable les localiser. Il y a des endroits où elles ne sont pas en grande quantité. Ce que nous ramenons est parfois fonction du lieu où s’est effectuée la pêche. Si vous trouvez un endroit à forte concentration, vous faites une bonne pêche », confie-t-il. Et de continuer : « cela fait environ trois ans que je pratique ce métier. Les risques, je n’en ai pas encore connu. Je sais que ça existe dans tout travail qu’effectue un être humain ». Selon ce pêcheur, « lorsque nous revenons de la pêche, les palourdes sont transvasées dans un fût où nous y déversons une petite quantité d’eau. Les palourdes sont recouvertes d’un morceau d’étoffe pour empêcher la vapeur de se volatiliser. De temps en temps, il faut attiser le feu. La cuisson dure à peu près 15 minutes. Lorsque les coquilles s’ouvrent, elles laissent voir la délicieuse chair molle que l’on sépare de sa « curasse ». Ces dernières sont alors déversées sur un sac étalé à même le sol. Il s’en suit alors le nettoyage. C’est très facile. Il suffit tout simplement d’ôter les coquilles, d’extraire les grains de sables qui se trouvent dans la palourde, enlever cette membrane verdâtre et bien rincer la palourde à l’eau potable ».

Sur le comment s’effectue le séchage des palourdes, François s’explique : « Cette opération me prend une seule journée. Nous n’avons pas besoin du feu pour sécher la palourde. Juste la fumée suffit. Il faut de temps en temps les remuer dans tous les sens. Pour éviter que nos yeux ne s’irritent, nous nous protégeons à l’aide des lunettes. Lorsque les palourdes sont séchées, nous ne les mettons pas immédiatement dans les sacs. Il faut les laisser refroidir pendant quelques minutes. Parce que si elles sont mises dans les sacs immédiatement, elles vont attraper la moisissure au bout de trois jours ».

La commercialisation

Blanche Ebelle est une fille Bassa mariée à un Malimba. Depuis pratiquement trois ans, elle doit la survie de sa petite famille à la vente des palourdes séchées. « Tous les sacs que vous voyez vont au Nigeria. Une tine de palourdes coûte 35000 FCfa. Les commerçants viennent de Douala, Yaoundé Édéa et des pays voisins comme le Nigeria où la palourde est fortement consommée. Nous avons des mesureurs de 200 et de 250 FCfa. Il me faut une semaine pour produire autant de sacs de palourdes séchées. Lorsque nous détaillons un sac de 100kgs, il nous revient à 40.000 voire 50.000FCfa. Je trouve mon compte et ma famille vit grâce aux revenus de ce commerce ». Le commerce de la palourde nourrit bien son homme. Pour les jeunes de Malimba, l’activité permet de joindre les deux bouts et de résorber nombre de problèmes financiers.

Outre sa chair, les coquilles de la palourde se vendent aussi. « Les éleveurs de l’Ouest viennent nous les acheter. Ils les écrasent et les mélangent avec la provende qui sert à nourrir les porcs. Il parait que c’est très nourrissant », indique François Belle qui précise encore qu’ « un sac de coquilles non brûlées coûte 2000FCfa. Pour avoir un camion, nous avons besoin de 350 sacs. Pour les brûler, il nous faut un camion de bois (40.000 FCfa), des personnes pour fendre ce bois (20.000FCfa), 60 litres de pétrole, un contrôleur du four (20.000 FCfa), des manutentionnaires (50.000 FCfa). Sept jours sont nécessaires pour brûler le contenu d’un camion ». Sur la provenance du fonds de commerce, François Ebelle précise que : « nous avons des hommes d’affaires qui ont confiance en nous et qui nous donnent des sommes allant des centaines de mille au million. Notre devoir est de leur livrer le produit jusqu’à épuration complète de la dette ».

Blaise-Pascal Dassié

A Malimba

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