Les Behona de Mbiako n'arrêtent pas de faire couler l'encre des journalistes.
photo: Une partie de la progéniture Malimba en Allemagne,en France et en Belgique
Il seront nombreux à prendre la route des villages Malimba pour ces grandes vacances 2010. Ils, ce sont les enfants Malimba de la diaspora qui ne rêvent pour le moment que de trois choses: Apprendre le Malimba, manger les Behona , et se baigner sur les berges idylliques de Yôyô, la nouvelle riviéra Camerounaise.
Parce que la jeunesse de la diaspora Malimba est de plus en plus fière de son origine océane et qu'elle la clame à tue-tête, la rédaction lui propose de lire cet éloge d'une presse Africaine faite à nos palourdes.
Malimba, les trésors de la pêche fluviale et maritime
Ai-Cameroun - A Mouanko, l’un des deux
arrondissements ayant une façade maritime dans le département de la
Sanaga Maritime (région du Littoral), la principale activité des
populations autochtones est la pêche. Celle-ci se pratique aussi bien
dans le fleuve Sanaga que dans l’Océan Atlantique.
La pêche fluviale ou continentale consiste essentiellement en l’utilisation des lignes, des palangres, des cannes à pêche, des éperviers pour la capture du poisson et du ramassage des huîtres ou palourdes appelées «bessona» par les Malimba ou «bessonda» par les Bakoko. C’est la principale activité de ces deux populations autochtones depuis des lustres. Ces huîtres sont vendues fraîches ou fumées. Les huîtres fraîches font le bonheur des fins gourmets de la ville d’Edéa (ville lumière, chef lieu du département de la Sanaga Maritime) où elles sont vendues en brochettes au niveau de la gare routière ou du marché à défaut d’être transportées à Douala où elles sont vendues au marché central, au marché de New-Deido ou à Youpwè. Elles sont cuisinées dans cet état pour les palais délicats des consommateurs de bière ou de vin de palme ou de raphia.
Les huîtres fumées par contre sont destinées aux populations de l’intérieur parce qu’elles se conservent mieux et longtemps que leurs homologues fraîches qui ont besoin d’être conservées dans un congélateur afin qu’elles ne perdent pas leur goût ou leur fraîcheur.
Pour les pêcher, il faut attendre la saison sèche ou les eaux de la Sanaga sont basses. Ainsi le pêcheur peut facilement sonder la vase pour détecter les palourdes. Une fois celles-ci détectées, le pêcheur plonge pour ramener à la surface les coquilles fermées. Cette pêche se pratique en solitaire ou en groupes de deux, trois ou plusieurs personnes indifféremment par les hommes ou par les femmes. Mais pour des besoins de sécurité, c’est surtout des jeunes gens qui savent nager et rester longtemps sous l’eau qui l’exercent lors de la saison de pêche. Les coquilles sont ensuite ouvertes pour extraire la chair qui sera par la suite nettoyée de manière sommaire. Cette chair connaîtra un autre nettoyage auprès des ménagères avant la cuisson.
Cette pêche, selon ceux qui la pratiquent, «rapporte autant sinon plus que l’agriculture lorsque la saison est bonne. Ill arrive que l’on se retrouve parfois avec 200, 300.000 FCFA si ce n’est plus lorsque l’on s’y adonne» nous a confié un jeune pêcheur. Seule contrainte pour mieux la mener, éviter de boire de l’alcool ou de fumer. Ces deux éléments n’étant pas compatibles avec l’exercice qui appelle une bonne aération des poumons.
La pêche maritime quant à elle se pratique tout le long de la côte atlantique, entre l’embouchure de la Sanaga au nord et celle du Wouri au sud ; dans divers campements dont les plus importants sont ceux de Yoyo et de Mbiakô.
C’est à bord des pirogues à moteur que les pêcheurs embarquent leurs filets et ils prennent la mer pour les y jeter pendant quelques heures avant d’aller les retirer. Les équipages peuvent se composer de deux à vingt personnes selon la grandeur de la pirogue. Et les filets sont longs de quelques centaines de mètres à plusieurs milliers de mètres. Les pirogues pouvant accueillir jusqu’à vingt pêcheurs sont de véritables usines flottantes car dans ces pirogues, l’on trouve également du matériel de réfrigération du poisson qui permet une autonomie de deux à plusieurs jours. Il s’agit assez souvent des congélateurs de récupération que l’on remplit de glace pour une longue conservation du poisson. Mais il arrive souvent que lorsqu’une prise est importante, ces pirogues accostent aussitôt afin de vendre la cargaison au plus vite ou la céder aux femmes qui vont fumer le poisson.
A Yoyo, il y a quelques jours, plusieurs de ces pirogues ont capturé beaucoup d’aloses appelées «bifaga» ou «mbounga» qui ont été remises aussitôt aux femmes pour le fumage. Un pêcheur nous a confié que « nous avons vendu du poisson pour plus de 500 000 FCFA et plusieurs femmes qui n’avaient pas d’argent liquide nous paieront plus tard et il est difficile de dire à l’instant si nous allons nous en sortir avec un million de francs ou plus ». La plupart de ces pirogues sont affrétées par des ressortissants de l’Afrique de l’Ouest parmi lesquels des Nigérians, des Ghanéens, des Béninois ou des Nigériens pour ne citer que quelques-uns.
La répartition du travail est l’une des caractéristiques de ces campements. Il y a des pêcheurs certes, mais à côté l’on a des femmes qui font la vannerie en construisant des paniers pour transporter ou conserver le poisson fumé, il y a également des tisseurs, des monteurs et des réparateurs de filets, des fumeuses de poisson, des ramasseurs ou des ramasseuses de bois et enfin des vendeuses et des vendeurs de poisson.
Les clients viennent d’un peu partout du triangle national pour acheter du poisson qui sera revendu aussi bien à Douala, Edéa, Yaoundé, Bafoussam …
C’est dire qu’à Mouanko, la pêche fait bien vivre son homme pour ne pas dire diverses catégories sociales.
Georges Ndenga, Ai Douala