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ILIMBE-ILIMBE
19 juin 2010

Malimba: Yôyô 2-Mbiakô: entre baie, langue et océan, un trek saisissant. Par Georges Ndenga de l'A.I.

d_partpouryoyo
Pour rallier les campements de Yôyô 1 et 2 et l’île de Mbiakô située entre les deux bras de l’embouchure de la  Sanaga dans l’arrondissement de Mouanko (département de la Sanaga Maritime région du Littoral), rien de tel qu’un périple entre les criques et l’Océan Atlantique.

Pour quitter Yôyô 2, il a fallu attendre que la marée monte car à marée basse, l’eau des criques ne permet pas la navigation. Entre le continent et l’île,  le déplacement s’effectue uniquement à bord des pirogues à moteur. Et  pour que tout le monde trouve son compte, les transporteurs ont établi des tours de navigation. Chacun a un jour pour assurer le transport et il n’y a que la panne d’un moteur qui peut donner droit à une dérogation ou alors une simple permutation ou entente entre deux transporteurs. Cela se passe ainsi et sans heurts de la part des différents protagonistes.

Ce matin de samedi, c’est Toubôdè, l’un des transporteurs à qui revient le tour de nous conduire à Mbiakô. Autour de 08 heures, nous nous rendons chez lui ; mon cousin et moi pour nous enquérir de l’heure du départ : c’est la règle. Très sûr de lui, il nous dit que nous lèverons l’ancre dès que le niveau de l’eau aura monté. Autour de 10 heures, un coup de sifflet nous avertit qu’il faut se diriger vers le débarcadère rudimentaire au bord de la crique et quelques minutes plus tard, nous embarquons après que Toubôdè eût au préalable disposé dans la pirogue divers bagages et produits de commerce. L’on se rend en visite à Mbiakô comme c’est notre cas ou alors pour y acheter du poisson ou vendre divers produits de consommation courante comme du pain, des habits, des médicaments …

Une fois à bord de la pirogue, notre navigateur met le moteur en marche. Il s’agit d’un vieux moteur de 15 chevaux de marque « Suzuki » qui, à vue d’œil devrait déjà être remisé. Un passager s’interroge d’ailleurs à haute voix, « est-ce que nous allons arriver à destination avec ça ? ». Mais le navigateur se veut rassurant. Dans un français qui nous permet de reconnaître qu’il est ressortissant Nigérian il déclare fermement « c’est avec ça que je transporte régulièrement les gens entre Mbiakô et ici, alors ne t’inquiète pas ». Une autre surprise nous attendait une fois quitté le rivage, la pirogue est très instable ; elle tangue dangereusement et menace de chavirer. Mais ce n’est qu’une impression puisqu’au bout de quelques instants,  nous voilà voguant dans la crique de Yôyô et bientôt apparaît Yôyô 1, l’autre campement. Une fois celui-ci dépassé, les premières frayeurs se confirment, le moteur toussote puis s’arrête. Le navigateur le remet en marche après quelques tentatives et le voyage reprend. Plus loin, nouvel arrêt du moteur et aussitôt un passager dit à Toubôdè « si ton moteur a des problèmes,  mieux vaudrait rentrer au quai et le faire réparer de peur qu’il ne nous lâche en pleine mer ». Sans répondre, Toubôdè s’affaire sur son moteur qui reprend du service juste après et le voyage reprend à nouveau. Nous abordons et dépassons la barre – lieu où le fleuve et la mer se rencontrent et qui est matérialisé par un banc de sable- sans problème et c’est alors que nous rencontrons et dépassons une pirogue à moteur de pêche que le moteur s’arrête pour la troisième fois. Aussitôt des signaux de détresse sont envoyés à la pirogue qui venait de passer. Celle-ci rebrousse chemin et nous permet d’accoster à l’entrée d’une crique.

Entre temps, Toubôdè avait grâce à son téléphone portable appelé son frère qui se trouvait non loin de là et ce dernier est aussitôt venu à la rescousse. Le transbordement a lieu et le voyage peut continuer,  non sans avoir au préalable dépanné le moteur en panne. La solidarité est de mise entre navigateurs, qu’ils soient pêcheurs ou transporteurs car tous, un jour ou l’autre, peuvent courir le même danger.

Le voyage à travers cette seconde crique se déroule sans incident et finalement tout le monde atteint Mbiakô sain et sauf après près de deux heures de navigation entre les criques et l’Océan Atlantique. Un voyage qui aurait duré moins de temps si le moteur était plus puissant et si nous n’avions pas été victimes de trois pannes successives.

Au cours de ce périple à travers les eaux fluviales et maritimes, il nous a été donné de constater les dégâts causés à la mangrove par les hommes qui y vont chercher du bois de chauffage et pour fumer leur poisson malgré l’interdiction formelle de couper les palétuviers. Une interdiction difficile à faire respecter car la brigade de gendarmerie se trouve à plusieurs kilomètres de là, même si de temps en temps ses éléments effectuent des descentes inopinées dans les campements. Une brigade de gendarmerie d’ailleurs handicapée par un manque criard de moyens de déplacements à travers les eaux du fleuve aux nombreuses criques et la mer même si, assez souvent le Sous-préfet de Mouanko met à disposition son embarcation pour ces descentes sur le terrain.


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