Compte-rendu de la visite du Préfet à Mouanko. Par Mlle Raphaelle Eyoum-Desmet et Moukoko Samuel en vacance à Mouanko
La sœur Franco-Malimba, Eyoum-Desmet arrivée du Cameroun ce matin vous en dira plus dans les jours à venir.
TOURNEE DE PRISE DE CONTACT DU PREFET DE LA SANAGA MARITIME A MOUANKO LES 12 ET 13 NOVEMBRE 2010
Prévue à 10h00, elle a débuté à Mouanko le 12/11/2010 vers 11h45mn à cause du mauvais état de la route entre Edéa-Mouanko. Après le mot de bienvenue du maire de Mouanko M. Mihiyick Jean Charles, M. SADJO Dorien, Préfet d’Edéa a axé sa réponse et son intervention sur la paix, la justice, le développement et le travail.
Il a ensuite donné la parole à ses collaborateurs, les délégués départementaux des différents ministères qu’il a auparavant présentés. Avant d’ouvrir les débats en donnant la parole à qui voulait la prendre, il a précisé qu’il était un homme ouvert et promoteur de la justice. A ce titre, il a conseillé que chaque citoyen qui a des problèmes s’ouvre d’abord à son chef de village et s’il n’était pas convaincu de la justesse de l’arbitrage, qu’il rencontre le Sous-Préfet, puis le Préfet, puis le Gouverneur ainsi de suite, jusqu’à satisfaction.
Il y a eu huit intervenants : deux élèves du Lycée de Mouanko, le chef du village Yatou, l’adjoint au maire Yémi Racine, le Ministre Yondo Marcel, M. Soppo Silvestre, Mme Beboy Kouta Sarah épouse Kala Lobè, S.M. Ndoumbè Marcelin. Pour les Malimba, les intervenants dans l’ordre étaient :
1) M. Soppo Silvestre
Avant de prendre la parole, il a réclamé et obtenu la bénédiction du village dont les représentants étaient nombreux à Mouanko. D’un ton haut, il a évoqué les menaces de mort, tentatives d’assassinat ou d’enlèvement, des insultes et menaces au téléphone en direct ou par SMS. Il n’en avait pas peur parce qu’il était convaincu que son combat était juste. Il a remercié les frères Pongo Songo malgré leur enclavement et Yakalag qui soutiennent les Malimba dans leur combat.
Il a ensuite demandé au Préfet de le laisser aller jusqu’au terme de son propos pour déclarer que :
- Les Malimba sont venus nombreux à Mouanko pour l’accueillir afin d’éviter de se voir taxés de boudeurs de l’autorité administrative parce que à l’escale de Eoumba (Bona Bwaba) prévue par le Sous-Préfet, les Malimba ne seront pas.
- Les Malimba reconnaissent Symphorien Nanga comme vigile à la Sonara et non comme chef supérieur parce qu’ils ne l’ont jamais choisi comme tel.
- Moubandjè Ngondjè Jean Paul est dahoméen. Il doit sa chefferie au fait qu’il a versé une somme de 500 000 FCFA, tout le monde le sait.
- L’arbitraire est permanent à Mouanko : il suffit que sa tête ne plaise pas au Sous-Préfet Edjimbi Abeng Simon ou au gendarme Tchanga Cyril pour qu’on se retrouve en prison à Edéa. Cela a été le cas de deux enfants de Mouanko et du chef de Bolounga Edonguè Benjamin.
- Le détournement de 160 millions des fonds destinés à la construction de la route de desserte de Malimba (16 km), route que M. Soppo a empruntée ce matin même avec l’eau jusqu’au niveau du nombril.
- Encore au 21ème siècle, on se sert de Malimba comme escale dans le trafic d’esclaves en provenance d’Afrique de l’Ouest et destinés au Gabon. Le dernier exemple date du 29/10/2010.
C’était autant de faits parmi tant d’autres dénoncés par M. Soppo Silvestre.
2) Mme Beboy Kouta Sarah épouse Kala Lobè
Elle a pris le Préfet à témoin en le prenant au mot, du fait que ce dernier a évoqué la justice dans son propos. Elle espérait que ce n’était pas de la démagogie car il y a un temps pour tout, un temps pour la démagogie et un autre pour l’action. « Nous les femmes, luttons pour le développement et il ya des promoteurs de ce développement qu’il faut soutenir et non ceux qui ramènent le peuple en arrière ».
Elle a déjà eu à mener des actions avec des groupes de femmes qui ne sont même pas de Malimba, mais qui ont accepté d’aider les populations Malimba. Il ne faut donc pas que l’administration ne soutienne que ceux qui n’aident pas Malimba et qui n’ont aucune vision pour Malimba
3) S.M. Ndoumbè Marcelin
Dès qu’il s’est levé, la tension était perceptible. Ceux qui étaient fatigués par la longueur de la cérémonie avaient retrouvé des forces. Alors que Ministre Yondo était encore entrain d’intervenir, le responsable du protocole faisait un signe à S.M. Ndoumbè pour signifier la fin des interventions. Il le fera à quatre reprises. Ce spectacle n’avait échappé à personne. A la fin du propos de M. Yondo, le micro est remis au Préfet qui le tend aussitôt à S.M. Ndoumbè. Une salve d’applaudissements a suivi ce geste du Préfet.
S.M. Ndoumbè rassure l’assistance en disant qu’il ne va pas évoquer les sujets qui fâchent. Il parlera donc du Méga Complexe Touristique pas dans sa phase négative qui concerne les déguerpissements des populations et la perte des terres mais celle d’éventuelle pourvoyeuse d’emplois à l’aboutissement du projet dans 12 ans. Car il ne faudra pas que les Malimba ne soient dans ce projet que comme manœuvres.
C’est la raison pour laquelle les Malimba se penchent sur le volet éducatif/formation en commençant par l’école primaire. Dans cette optique les Malimba sont entrain de construire des maisons pour sédentariser les maîtres. Ces projets étant coûteux, l’intervention de la Municipalité de Mouanko est sollicitée pour la fourniture des portes et des fenêtres, la construction de blocs-toilettes, la construction de puits d’eau potable.
Le deuxième sujet était celui de la route Mouanko-Malmbenguè pour laquelle S.M. Ndoumbè affirme avoir participé à l’élaboration du projet. Le marché a été attribué mais sur les 17 km prévus (16,7 dans le marché) seuls 8 ont été réalisés. Il a voulu savoir quand seront réalisés les 9 km restants.
Réponses du Préfet
Aux préoccupations de Soppo, il a simplement regretté que les problèmes aussi importants aient été posés avec autant de passion et conseillé qu’en public on sache dépassionner les interventions.
A Mme Beboy, il a rassuré qu’il ne fait pas dans la démagogie et a informé l’assistance que cette maman était la mère de l’autre Kala Lobè (Suzanne) journaliste célèbre de par son verbe et son professionnalisme.
Personne n’a posé le problème de la chefferie supérieure Malimba mais visiblement le Préfet s’y attendait et avait apprêté sa réponse qu’il a quand livrée en choisissant et pesant ses mots.
« S’agissant de la chefferie supérieure Malimba, c’est vrai une consultation a eu lieu, on ne sait comment, contestable ou pas, bref un arrêté est sorti, il est là. Mais l’affaire est pendante devant le juge administratif dont on attend la décision finale car il y a eu des contestations. C’est donc lui qui va nous dire, en attendant il faut quand même travailler »
« Il faut que les Malimba se fassent la paix. Le problème ne vient que d’eux-mêmes car c’est connu, il y a des gens qui tirent les ficelles, le ver est dans le fruit. Si ça continue, on peut même laisser les deux qui se battent pour prendre un troisième si c’est ça qui peut amener la paix. Vous savez, pendant que vous vous battez, vous vous fragilisez et les autres peuvent même vous avaler, mon message est clair ! ».
Le délégué des travaux publics rassurera que les travaux de la route de Malimba ne sont pas encore réceptionnés et le maire répondra à S.M. que le problème sera examiné « en interne ».
Deux faits insolites clôtureront cette première journée :
1) Le refus du Sous-Préfet que le Préfet remette une enveloppe au groupe d’animation des femmes Malimba (peut être n’était-il pas prévu ?)
2) L’écroulement de Nanga Symphorien vers 19h00, victime d’un malaise. On a dû l’allonger pendant près d’une heure, le temps qu’il retrouve ses forces. Déjà, après l’intervention du Préfet, il a passé la matinée tête baissée et était rentré d’un pas mal assuré.
JOURNEE DU 13/11/2010
A bord du véhicule administratif de M. Edoubé une délégation composée de MM. Elimbi Ebénézer, Dikanjo Simon, Matoko et autres arrive à Mouanko. Une pirogue à moteur attendait pour le transport du renfort constitué d’hommes et de femmes. Cette scène n’a pas échappé aux personnes chargées du renseignement qui avaient vite compris que sur la soixantaine de personnes trouvées à Eoumba (Bona Bwaba), la plupart était « importée ». Le chef de Yoyo I Ewandjè Théophile avait mis à disposition une pirogue pour le transport des Nigérians (Laidja) vers Eoumba pour faire foule.
Le Préfet rappellera à l’assistance les propos tenus à Mouanko au sujet de la chefferie supérieure Malimba.
Après l’escale de Eoumba, il ira à Mbiako puis à Mariemberg qui était l’étape de clôture de sa tournée de prise de contact.
Eyoum-Desmet et Moukoko Samuel, Malimba Océan