Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ILIMBE-ILIMBE
23 août 2011

Manoka/ Secrets d'Histoire: Le Commissaire français Paul Auguste Bonnecarrère et l'histoire méconnue de la Reserve Douala-Edéa

 PaulBonnecarrère

Bonnecarrère (photo 1936)et Manjaki Elessa : Une passion au sommet de l'Etat

Né à Tarbes en 1875 Paul Auguste François Narcisse Dominique Bonnecarrère ancien Haut Commissaire Francais et administrateur camerounais est le créateur de la réserve faunique Douala-Edéa. Mais derrière le Haut fonctionnaire, le blog Malimba vous revèle aujourd'hui un personnage ordinaire dont le séjour sur nos terres aurait été émaillé par une voluptée passionnelle restée jusqu'ici méconnue du grand public. Une histoire qui nous relate comment la première dame camerounaise aurait pu être Sawa Malimba. Voici pour vous un résumé des archives roses la colonisation camerounaise. 

 

 

Tout aurait commencé par une matinée banale de décembre 1920 non loin de Siossio, petite localité mangrovienne coincée entre Manoka et Moukoukè.

 

A la faveur de la marée basse d'un week-end caniculaire, alors que le Haut-Commissaire sus-nommé se trouvait en villégiature entre les palétuviers de l'estuaire du Cameroun, il apercoit entre des racines adventives une silhouette feminine plastiquement irréprochable. Il n'hésite pas une seconde. Il l'apostrophe. La jeune et plantureuse femme Malimba du nom de Manjak'Elessa venue inspecter la retenue de ses nasses piégeuses était sous sa mire ou plus exactement sous le control des jumelles à longue vue du colon. Elle n'est pas loin de prendre ses jambes à son cou et la poudre d'escampette. Mais la belle se ravise et se resoud à recolter ses fruits de mer. Sa subsistance en dépendait.

 

Comme mu par un sortilège, le Haut Commissaire se serait approché d'un pas séducteur et déterminé. S'essayant en allemand, la langue usuelle de l'époque, il n'était pas avare de flatteries à l'endroit de la naïade malimba. Cet effrontément n'est pas pour déplaire la jeune femme totalement subjuguée par cette rencontre improbable venue nulle part. Il n'en fallait pas plus pour encourager le jeune administrateur de 45 ans à poursuivre  la jeune femme de ses assiduités. La toute première histoire d'amour mixte du cameroun postgermanique venait de naitre sous les yeux écarquillés des pêcheurs (bato ba mouhombo).

 

A ce cette époque, on est encore bien loin de la suceptibilité diplomatique où balbutier en allemand, la langue de l'énnemie d'outre rhin, est un crime de lèse majesté. Le plaisir ne sera pas boudé par notre Haut Commissaire qui ajoute à sa demarche une gestuelle tout aussi expressive sur ses intentions. Pour tout dire, il la veut!

De fil en aiguille, la vie des deux illustres inconnus devient un mille-feulles où chaque jour compte autant que chaque plaisir.

 

Entre rencontres secrètes et batifolages marins, le flirt entre les deux épris gagne en intensité et deviendra tout aussi torride que risqué pour l'Administrateur Français en poste. Un blasphènme pourrait-on dire si la diplomatie coloniale était un culte.

 

Quoi qu'il en soit, le séjour camerounais de Mr Bonnecarrère sera promptement abrégé et l'homme aux cinq prénoms sera préciptamment muté l'année suivante hors du Cameroun. Victime à ses yeux, du couperet de la raison d'Etat et très peu sévère envers lui-même au sujet de la  confusion des genres qu'il a induit au sommet de l'exécutif colonial. L'homme veut rester droit dans ses bottes et assume son rappel aux services centraux.

 

Manifestement, il en fallait plus pour décourager ce natif des hautes pyrenées. Après onze années de purgatoires dans les arcances du sous secrétariat d'Etat aux Colonies, c'est le retour en grâce . L'administration le fait  sortir des lambris dorés des beaux bureaux de la métropole. Lui, en revanche fait le choix de ses émotions qu'il décide désormais de vivre. Son coeur battant encore la chamade pour cette Malimba, il décide revenir là où, en plein coup de foudre, on aurait pas du l'extirper brutalement comme une chique.

 

En 1932 plusieurs Présidents se sont succédés à l'Elysée. Deschanel, Millerand, Doumergue et Doumer ne sont plus là. Le Cameroun est aussi passé sous Mandat de la SDN et L'administration de S.E. Albert Lebrun Chef d'Etat français d'alors redonne sa confiance à Mr Bonnecarrère au point de le repropulser en Afrique . Et qui plus est au Cameroun en qualité de Commissaire. Excusez du peu! 

 

Le scénario idéal pour ce sinistré sentimental qui ne rêve que de refiler le parfait amour avec sa dulcinée. retours donc à la case départ. Attérissage à Douala. Le photographe Georges Goethe, Charles Lallane et Henri Paul Marie Chamaulte font partie de ceux qui l'accueillent avec égard et manières.

 

Mais il y a des destins qu'il vaut mieux vivre une fois et en pôle position que deux fois et terminer sans position.

 

Ce que va vivre le Haut Commmissaire Français qui approche désormais la soixantaire est infiment plus pathétique que l'humiliante mutation disciplinaire dont il avait fait l'objet et qui a conduit au vide autour de Aunti Manjak'Elessa.

 

La nature a horreur du vide nous le savons tous. Et cette nature dans ce cas précis s'appelle Moussol'a Ngoubo, un "ngum" de Mulimb é Mbendjè  (BonaKanguè par Bonyinga). Voici pourquoi!

 

A son retour à Manoka, le Haut Commissaire Bonnecarrère focalise son énergie à retrouver cette femme Noire qui souleva en premier les soupapes de son flegme de diplômate et de sa timidité de montagnard.

 

De longues et vaines semaines de recherche de Aunti Manjak' Elessa avait conduit le Haut Commissaire partout jusqu'à acccomoder ses yeux sur les écritures stèles des tombes. Car après un si long temps d'absence, un tombeau est parfois une démeure probable pour l'être recherché.

 

Contre toute attente, c'est au bénéfice d'une  visite à Bwapè, qu' il apercoit au loin juchée sur une case sur pilotis une maitresse des lieux tançant ses trois moufflets (Mimi, Dora et BôBô). Alors que le Haut Commissaire avait perdu tout espoir de retouver celle qui hantait encore ses nuits voila que ses cheveux châtains se hérissaient sur son crâne, tétanisés par l'espoir d'un but atteind.

 

Un regard échangé et un sourire identifié mais confu auront suffit aux deux "ex" de se reconnaitre en lieu et place des tests adn aujourd'hui légions. La  retrouvaille tant espérée pour l'un et tant redoutée par l'autre venait d'avoir lieu. Tout pouvait alors être envisagé. Le meilleur comme le pire.

 

Mais l'espoir d'un re-départ si chèr à Mr Bonnecarrère s'écroulera comme un chateau de cartes lorsque le sieur Moussol'a Ngoubo le désomais mari de la jeune femme se fera un plaisir de se présenter au grand désarroi de l'Administrateur. Plus qu'un intérim le patriache Boyinga( Bona kanguè) aura comblé un vide sentimental. Lui qui avait été promu premier majord'homme du Rio del Rey et qui avait tenu d'une main de fer le personnel de maison des prédécessuers de Bonnecarrère.

 

La voix suave de Manjk'Elessa jadis miss à Santa Isabella (aujourd'hui rebaptisée Malabo)contrastait avec le buste sculptural de son étalon de mari. Un appolon comme disent les esthètes grecs. Mais l'histoire devient encore plus croustillante lorsque le Francais détrerminé à reconquerir sa sirène BonaN'gang(Mulimbé Jédu) décide de faire valoir les arguments dignes de l'arme lourde. Nous y reviendrons en temps opportun.

 

 

Dans une ultime tentative de séduction, il promet à Manjk'Elessa devenue Madame Moussolè qu'il lui offrirait la paradis sur terre si elle romptait ses épousailles le sieur Moussolè. Une proposition peu catholique pour un Haut Commissaire qui laisse entrevoir la prégance irradiante de femme cette Malimba dans son coeur. C'est d'ailleurs, soit dit en passant, de là que partira la réputation de femme à philtre qui est aujourd'hui attribuée aux femmes Malimba( Bito ba Mulimba na bébobè babou chambrent souvent les cousins Duala).  

 

Et comme toutes les grandes histoires d'amour cachent parfois une fêlure qui est à chercher entre la demésure et la mégalomanie. Celle-ci n'en fera pas l'exception. Elle en sera même l'archétype.

 

Chose promise chose due, c'est donc tout symboliquement que Haut Commissaire Auguste François Narcisse Dominique Paul Bonnecarrère offira au peulple Malimba , celui de sa bien-aimée, Manjaki un vrai paradis sur terre. Tout aussi vrai que nature: LA RESERVE NATURELLE DOUALA-EDEA.

 

Elle sera donc créée en 1932 et s’étend le long de la côte sur une superficie de 160 000 ha. Même si elle ne présente pas autant d’intérêt que les grandes réserves naturelles du nord ou que le parc national de Korup, elle peut constituer une excursion agréable, à seulement 1 heure d’Édéa, pour les amoureux de la nature et les amateurs de forêts marécageuses… à condition d’éviter la saison des pluies, de supporter le climat et d’être bien équipé contre les moustiques. Avec un peu de chance, on peut y observer des lamantins et des crocodiles. Devenue parc naturel depuis peu, la réserve continu à faire la fierté du littoral camerounais. 

 

Au delà la version romancée cette rencontre épique d'il y a 90 ans , les jeunes générations Malimba sauront désormais que sous ces "matanda" de Malimba une passion dévorante et incandescente entre une Africaine aussi troublante qu'une rose des vents et un Européen au coeur posé sur un plateau d'argent fut à l'origine de leur Réserve Naturelle. 

 

Grand-Mère Manjaki Elessa veuve Moussolè Albert a rejoint la terre de ses ancêtres en Juillet 1992 à plus de 93 ans non sans nous avoir appris que le coeur d'une femme est une roche fossilisée de souvenirs inoxidables.

 

Elle repose en paix au Cimétière Manoka à côté de sa soeur ainée Enanguè Elessa disparue en 1965. Et à 60 km de là, à Tondè, gît leur cadette Njollè Elessa. Populaires et convoitées, attanchantes et fusionnelles, elle furent de vraies des Kardashian de leur époques.  

A Nyangadou, quartier mythique malimba de Manoka qui est le "place to be",  siège de la chefferie traditionnelle de l'île, on pouvait encore percevoir il y a quelques décénnies les trâces du foyer régent( la famille Djoby)  à côté de celle de la famille Moussolè (régnante).

Le Haut Commissaire Auguste François Narcisse Dominique Paul Bonnecarrère, lui, après avoir été muté entre autre au Togo où il fit une depression, repose depuis avril 1966 à Nice dans les Alpes maritimes francaises.

 

Les embruns feront peut être échouer sur le rivage de Yôyô ou de Youmè la dernière lettre d'amour que lui écrivit le Haut Commissaire Français et qu'il a soigneusement consigné dans une bouteille de Rhum Haïtien et lancé par dessus bord au moment quitter les criques marécageuses de Malimba.  

 

Devenu le 6eme arrondissement de Douala, ce territoire insulaire, que dire ce "merritoire", s'apprête à livrer aux yeux du monde son incroyable générosité depuis toujours faconnée par les influences occidentales diverses, théâtre des rencontres les plus insolites. 

 

R. M. "Mouboledi"

Prochainement: Mundindo farm le terrain de jeu discret d'une idylle Anglo-Malimba

 

 

Publicité
Commentaires
E
Le chantier de construction des logements des maîtres de l'école de Moulongo est abandonné depuis des mois. Qui est chargé de ces travaux, quel en est le bilan, pourquoi sont-ils arrêtés, que faut-il pour les faire avancer, à qui remettre nos dons et contributions. Il faut faire quelque chose pour nos enfants.
Répondre
A
Bonjour,<br /> <br /> C'est un excellent rappel que nous fait partager ici le frère Elenda.<br /> <br /> A la lecture de cette génèse du parc naturel Dla-Edéa. J'ai envie de dire que c'est un enfer sur terre et non un " paradis suterre". Le frère Elenda dans son commentaire apporte les raisons qui étayent mon opinion.<br /> <br /> En ce qui concerne Cette grand-mère, j'ai envie de dire haut et fort qu'elle l'a échappé belle. Ces colons européens prenaient les négresses comme objet de jeu. Pourquoi Mr Le Haut commissaire n'a t-il pas emmener en France grand-mère mandjaki lors de sa première mution précipité s'il l'aimait vraiment?<br /> <br /> Mouboledi tu as interêt à vanter les colons loins de nous. Pour ta gouverne demande à Théodore et à Essombè ce qu'a vécu un certain Papa Dorder Edinguèlè vivant ici en France. Sa mère s'est vu enlever au début des années trente ses deux mulâtres par leur père.Est-ce humain de plonger une femme dans un tel chagrin? Qu'ont fait tes Hauts administrateurs colons pour atténuer cette souffrance de cette mère Malimba? rien. Malgré quelques maternités à Bonakwangmouang et au Sénégal la pauvre dame Malimba est morte de chagrin. Si cela est pour toi une histoire d'amour pour moi c'est du machiavélisme.<br /> <br /> Le pire c'est que papa Dorder est allé jusqu'a Rennes en 1954 en plein hiver chercher ses demi-frères qui n'ont même pas daigner lui ouvrir le portail. Le savais-tu?<br /> <br /> Je me demande d'ailleurs pourquoi ce grand-père Moussolè n'a pas rossé ce français à Manoka. <br /> <br /> moto mo <br /> Alex Kalla
Répondre
E
Sans nous attarder en amont de la création de la réserve Douala-Edéa, ou la plausibilité de cette historiette, nous reconnaissons tout de même qu’elle fût réalisée en 1932 et qu’à cette époque Auguste François Bonnecarrère était bien Haut Commissaire Français et Administrateur au Cameroun.<br /> <br /> Si donc son l’objectif était d’aménager un " vrai paradis sur terre ", malheureusement, malgré une dotation exceptionnelle d’une biodiversité, ce domaine subit un désastreux déséquilibre de son écosystème.<br /> <br /> Plusieurs colloques tenus pour un reclassement en Parc National en vu d’une exploitation optimum des ressources touristiques n’ont rien produit, pour preuve, le séminaire présidé par M. Félix Nguélé Nguélé le 28 Novembre 2006.<br /> <br /> Que dire du Méga Complexe Touristique (MCT) de Yôyô ? Mort né?<br /> Une fois de plus, de tous ces embarras, se demander le rôle joué par nos frères qui sont dans le milieu décisionnel? Ministère et Assemblée <br /> <br /> La réserve est administrée par un conservateur basé à Mouanko qui ne dispose ni de véhicule, ni d’embarcation pour faire les rondes et surveiller la population.<br /> <br /> Mais non Muboledi, les embruns ne feront pas échouer une lettre du Haut Commissaire. <br /> Plutôt, on entendra les soupirs de nos ancêtres qui se retourneront sans cesse dans leur tombeau.<br /> <br /> Elénda
Répondre
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
Publicité