Nécrologie: Le dernier voyage de S.M. Ngando René, le Roi-Courage. Par Soppo Silvestre
C'est certainement ce type de procession funéraire qui accompagnera SM Ngando René de Yôyô II à sa dernère demeure.
ORAISON: HOMMAGE A SM NGANDO RENE, par SOPPO Silvestre
René,
Au moment où tu t’apprêtes à nous quitter pour l’éternité, permets que je commette ces quelques lignes en guise d’hommage à ta personne.
Tu étais parti du village à la recherche du « piment pour la maison », quand je n’étais pas encore né.
Tu es revenu quand j’étais déjà là.
Pendant ton séjour loin du village, l’on nous parlait de toi. Je mourrais d’envie de te voir. Et rentré au bercail, moi-même je t’ai vu, je t’ai observé et j’ai vu ceci de toi :
Tu étais un Homme digne, un Homme d’honneur, comme le fut ton père, celui-là même de qui tu as suivi les pas dans l’exercice du commandement traditionnel.
Tu marqueras à jamais ma mémoire, toi qui, jusqu’à ton dernier souffle, tu as défendu la cause Malimba, la vraie, au point de devenir l’ennemi de ceux qui, aujourd’hui, chercheront à occuper les premières places sous les bâches, le jour de tes obsèques.
Ta personnalité avait fait de toi l’homme à abattre par ceux-là même qui viendront aujourd’hui verser les larmes de crocodile, les larmes hypocrites, eux qui viendront , de manière cynique et sans honte « reconnaitre », à travers les discours arrachés, que tu « étais un grand homme » ;ceux-là qui viendront exhiber leurs « honorabilités » et leurs « richesses », pour se moquer de tes restes, alors que jusqu’à hier, ils étaient incapables de te dire un simple bonjour, eux qui ne voulaient même pas croiser ton regard.
Accepte, René, que c’est cela l’homme, malheureusement celui que toi tu n’as pas été.
Toi tu avais appris que « les diallobés envoient leurs enfants à l’école pour apprendre à lier le bois au bois pour faire des demeures solides », et non les envoyer à l’école « pour aller apprendre comment se servir de son peuple, l’asservir ».
René, tu nous manqueras à jamais, nous les Malimba, qui avons exprimé notre volonté saine et dénuée de toute pression en 2003, quand nous avons désigné comme notre Chef Supérieur, Sa Majesté NDOUMBE Marcelin.
Tu nous manqueras donc, nous ces Malimba contre qui, des camions de militaires armés jusqu’au dent, furent postés à l’EP de Moulongo en 2009, pour tenter de nous intimider, par certains fils Malimba aux idées et visées aujourd’hui connues :le MEGA COMPLEXE TOURISTIQUE DE YOYO :comme à ton habitude, ce jour-là, avec d’autres, tu es resté imperturbable !
Tu nous manqueras, nous les Malimba, contre qui, une fois de plus certaines « élites Malimba », dont la présence jubilatoire à tes obsèques ne passera guère inaperçue, avaient habillé les non Malimba du pagne de ta communauté, avaient fait venir toute une armée à Moulongo en 2011, et dire de tout cela, et où tu étais toujours resté inflexible, mais sensible au sort que l’on était entrain de réserver à ta communauté.
Je sais que comme à ta majestueuse habitude, tu observeras le cinéma, qui se fera le jour de tes obsèques.
Tu verras, en te moquant d’eux, ceux-là qui s’efforceront de présenter à la foule NANGA Symphorien qu’ils savent que tu n’as jamais reconnu comme le chef des Malimba.
Tu te moqueras, en silence, de ceux qui viendront donner des millions pour tes obsèques, afin que la préséance leur soit acquise, toi qui as toujours été discret, modeste et effacé.
Tu te moqueras en silence, de ceux qui étaient venus délimiter ton territoire de commandement, pour avoir les premières places lors des négociations en vue de l’implantation du« défunt » MEGA COMPEXE TOURISTIQUE(MCT) de YOYO ; tu les revois tous, assis, gesticulant, sans honte.
Tu ne manqueras pas de te moquer de tous ceux pour qui tu avais toujours donné du sien lors des élections tant municipales que législatives, et qui ont au finish, oubliés le chemin de départ, ingrats
Ceux-là qui ne cessaient de t’importuner avec les choses du parti, malgré ta santé chancelante, mais que tu as satisfait sans regret (car c’était ta vie, s’occuper aussi des autres).
Tu te moqueras, comme à ton habitude, de ceux qui croient utiliser Malimba, et surtout de ses avoirs, au détriment des siens t’étaient si chers.
Tu te moqueras de tous ceux qui croyaient dur comme fer que le MCT va les enrichir, heureusement que même les ancêtres n’ont pas voulu.
Je sais que tu n’oublieras pas Malimba.
Tu as combattu le bon combat, au point de mettre à certains moments, ta vie en péril, d’où mon souhait selon lequel,
René, muléma to maladi, umèhè na muhango, bwemba bwé ndé ibotéa, dihi ma bobo tomtom
et que la terre de nos ancêtres te soit légère, repose en paix, René.
Soppo Silvestre