INONDATIONS DE MALIMBA OCEAN ; MODESTE CONTRIBUTION POUR UNE FUTURE GESTION ADEQUATE. Par Le frère Sadrack- Bertrand Matanda
Souvent male comprise, parfois taxée de "Charity Business", l'action humanitaire est pourtant, en cas de crise, le secours de proximité le plus immédiat pendant que les attermoiements des politiques s'eternisent.
Souvent, au plus profond de ces désatres, des soldats de l'espoir accourent auprès des sinistrés, aident les populations indigentes et pensent des actions correctives et préventives succeptibles de circonscrire lesdites sinistralités.
Loin des oukases simplistes et des vieilles tambouilles de certains intervenants encagoulés, le frère Matanda nous donne les clefs pour comprendre la problématique des inondations au Pays Malimba tout en évitant de se poser en donneur de lecons. Dans cette construction intellectuelle menée avec aplomb, notre frère n'emploie aucun maquignonnage et refuse de ruser avec la rigueur scientifique.
Tenu éloigné de son estuaire pour des raisons professionnelles, le patriote Matanda, la main sur le coeur, parle enfin de sa bien aimée Terre Malimba. Et de quelle manière? Voici sa reflexion comme on en a souvent peu ici.
Sommaire :
Les inondations sont comprises comme une montée excessive ou débordante des eaux suite à une pluie abondante ou une rupture d’un barrage. Malimba océan par sa nature de proximité à l’atlantique est exposé constamment a ce phénomène, donc la récurrence mondiale n’est plus à démontrer. il est à noter que 48% des catastrophes naturelles recensés dans le monde au premier semestre 2011 s’inscrivent dans cette catégorie (Cred Crunch Disaster Data a balance perspective N°25 sept 2011).
L’objet de cette modeste contribution porte sur un diagnostique sommaire de la situation de cette calamité qui sera sans cesse croissante dans les années avenirs et une exquise des propositions des mesures a mettre en place pour éviter que le pire arrive a nos populations si durement exposées.
1- SITUATION ACTUELLE :
Niveau de connaissance du Phénomène :
Le Cameroun tout entier est sujet aux inondations a chaque saison de pluies qui s’étale de Mai à Septembre…ces inondations qui sont connues de cycliques dans certaines localités car ayant fait l’objet d’observation particulière et de suivi Météo-hydrologique permettent à la population voir les autorités( traditionnelles , administratives) de prendre des mesures y afférant(Limbe dans le Fako, les inondations meurtrieres surviennent toutes les 4 ans)
Pour le cas de nos villages aucune étude à ce jour à ma modeste connaissance n’a été effectuée et on ignore dès lors la fréquence avec laquelle ce phénomène survient.
Cause des Inondations :
Dans un futur Proche notre contrée sera de plus en plus exposée aux inondations, étant donné que nous faisons partir des zones les plus basses du triangle national et constituée essentiellement d’une topographie insulaire .Le cris d’alarme lancé récemment a la conférence sur le changement climatique de Durban en Afrique du Sud nous interpellent dans ce sens et le message est clair les territoires insulaires comme le notre connaitront de façon irréversible la montée des eaux et a la longue pourront disparaitre avec la fonte des glaciers dû au Changement climatique.
En outre Malimba océan n’est pas en marge du développement, la population ne cesse de croitre, les ressortissants d’autres régions et pays s’y installent au quotidien compte tenu de la présence d’une zone d’upwelling (Zone de rencontre des courants d’eau tiède favorisant une multiplication rapide des ressources halieutiques). Ceci a pour effet, plus d’espace occupée pour un habitat exponentielle. C’est ainsi que les zones qui jadis étaient destinées a l’évacuation des eaux sont obstruées et quand survient une pluie de longue durée c’est le désarroi qui s’installe.
Il faut aussi noter L'exploitation forestière qui dépeuple les bords de cours d'eau comme la Sanaga qui se jette dans la mer de ses « mangroves.... formations sempervirentes…de bordure de l'Océan atlantique sur trente (30) Km de profondeur…»qui serviraient à canaliser le surplus des eaux vers les sous-sols en cas de pluies abondantes.
Gestion Antérieure des Inondations :
Quand sont survenues les inondations comme celle de cette année, Les populations ont été abandonnés a elle-même et ne savaient a quel saint se vouer et attendaient une assistance des âmes de bonne volontés, de l’Etat et des associations caritatives. Bien qu’étant animé de bonne volonté pour apporter cette assistance, il convient qu’a même de préciser la bonne démarche et l’approche appropriée font souvent défaut.
C’est ainsi par exemple que sachant qu’il faut rapporter tout incident ou crise a l’autorité administrative la plus proche et faire le suivi a tous les niveaux … il demeure qu’au Cameroun il ya des réalités immuables, par expérience et ayant eu l’opportunité d’être dans plusieurs comités de crises post-catastrophes. Pour bénéficier d’une attention particulière (car il faut le préciser il ya pas que notre contrée qui soit victime d’une catastrophe) il faut bien ficeler son dossier avec des documents crédibles, comme une évaluation rapide de la situation en terme des nombres de personnes touchés directement ou indirectement, des moyens de survies détruits (plantations, pirogues et filet de pèche), les infrastructures endommagées (écoles, centre de santé, route, marché etc.).
Ce dossier qui arrive à la Direction de la protection civile, service de l’assistance avec un suivi et un lobbying poussé fait par les élites ou toute autre personne influente peut dans une certaine mesure connaitre une suite favorable.
2-POUR UNE GESTION PLUS EFFICACE DES INONDATIONS FUTURES.
Les bonnes pratiques universellement acceptées et recommandées consistent à procéder aux échantillons de démarches développées plus bas.
La reduction de Risque :
Le reduction de risque est comprise comme l’effort pour analyser et gérer les causes des catastrophes, notamment par une réduction de l’exposition aux risques, qui permet de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens, la gestion rationnelle des terres et de l’environnement et l’amélioration de la préparation aux événements indésirables.
Le Résilience :
La résilience désigne la capacité à “revenir” ou à “rebondir” après un choc. La résilience de la communauté en ce qui concerne les risques potentiels des événements est déterminée dans la mesure où la collectivité a les ressources nécessaires et est capable de s’organiser elle-même avant et pendant les périodes de besoin.
L’évaluation de vulnérabilité et de Capacité(EVC) :
Travail qui consiste a établir une cartographie des zones propices par exemple aux inondations , de recenser les infrastructures pouvant servir de recasement des probables victimes, de répertorier les possibles voies d’évacuations(maritime ou terrestre) et en fin l’élaboration de la liste des plus vulnérables (handicapés, femmes enceintes , personnes de troisième âges , enfants seuls…etc.)ayant besoins d’assistance quand il faut rapidement quitter une zone inondée.
Le Système d’alerte rapide :
Un système d’alerte rapide consiste à déclencher une alerte avec des signaux connus de tous dans la communauté. cela peut être un tambour, un sifflet, une sirène donc toute la contrée connais le son et sait quoi exactement faire quand il retentit. Pour une bonne appropriation et une familiarisation au système d’alerte il faut de temps en temps organiser des exercices de simulations.
Prepositionement de stock d’urgence :
Cet exercice consiste à stocker le matériel d’assistance (les vivres et les non vivres) pour un nombre de personnes ou de familles déterminé. Ce matériel d’urgence pourra aider les personnes affectées à survivre pendant une période précise. Un matériel de ce type peut se coupler avec un fond de solidarité qui n’est utilisable que quand un événement malheureux de grande ampleur survient.
La médiatisation :
C’est un facteur déterminant pour attirer l’attention du monde entier sur un phénomène inadéquate qui se déroule, car dans le contexte humanitaire il y a de la compétition qui génère ce qu’on appelle les crises oubliées ne bénéficiant d’aucune assistance. C’est ainsi qu’il faut mettre en place un bon réseau des journalistes amis des Malimba prêts a diffuser a tout moment nos événements heureux ou malheureux.
Le Plan de contingence :
C’est un outil qui est élaboré pour aider un groupe une communauté à faire face à une situation inhabituelle. Il ya ainsi des plans de contingence particulier en fonction des cas (mouvement de population, inondations et soulèvement populaire… etc.). Cet outil qui définit le rôle de chacun avant pendant et après une crise est d’une importance Capitale et nécessite d’être mis en place pour une gestion digne de ce nom des prochaines échéances agitées de nos communautés.
Conclusion.
Cette contribution à l’amélioration des conditions de vie de nos populations exposées aux inondations est exhaustive et ouvre une brèche pour un débat franc et constructif sur les besoins réels de notre contrée. En définitive en dépit de nos multiples occupations nous restons à la disposition de la communauté toute entière pour réfléchir sur les étapes de la mise en œuvre de ces outils. Une contribution prochaine pourra aborder de façon détaillée cette démarche.
Sadrack-Bertrand Matanda
Environnementaliste/Gestionnaire des Catastrophes
Operations Coordinator
West Africa Population Movement
International Federation of Red Cross & Red Crescent Societies
Monrovia-Liberia.