Littérature Camerounaise : Quand le frère Lobè Gabriel donnait le ton . Par Mouboledi
Né avec une pagaie entre les mains, notre frère Lobè Gabriel finira sa vie avec une plume entre les doigts. Etonnant destin pour ce fils de pêcheur Malimba devenu l'inspirateur de plusieurs vocations litteraires au Cameroun.(ici à Youpwè la fin des années '40)
Les premiers manuels modernes d'alphabétisation de 1968 portent sa griffe. Lobè Gabriel, puisqu'il s'agit de lui, fut l'un des auteurs Camerounais les plus populaire de son époque. Lorsque son destin doré croise celui du Centre d'Etude et d'Action Sociale du Cameroun( très connu sous le nom de Secrétariat Social), l'un et l'autre ne savent pas que le fruit de cette collaboration donnera l'un des livres Sawa les plus lus de tous les temps: Yombwè: Ndongamen o nyola itélamè d'ekombo- Na bwambo ba mulimba.
Un livre vieux de 43 ans dont les 82 pages retracent de manière structurée l'ouverture de la Sanaga-sud au monde occidental. A s'y méprendre on pourrait croire que c'est un succès d'estime compte tenu de la faible médiatisation de cette parution à l'époque. Et pourtant c'est à partir de ce travail d'une très grande valeur documentaire que l'étudiant "malimbanophile" D. Ntamack de l'Université du Cameroun (Yaoundé)basera son travail de D.E.S. en 1974: Essaie de description phonétique de Malimba. L'unanimité du jury est totale quant à l'originalité du thème de travail.C'est l'ébulition et l'extase dans la communauté malimba d'alors.
En 1979 Nsemè Clédor à son tour s'inspire des précedents travaux et de bien d'autres pour propulser la langue Malimba dans la bibilothèque universitaire du Cameroun par le truchement de son mémoire. Le titre est aussi éloquent que le travail qu'il regorge : L'établissement des matrices lexico-statistiques et leurs interprétations à propos de quelques parlers du littoral(duala, abo, bakoko, bodiman,ewodi, malimba et pongo). Malimba s'invite au "quartier latin" à côté du très populaire foufouldé. Les locataires d'alors de la cité universitaire de Yaoundé commence à se famliariser à cette langue aux sonorités mélodiques et enjouées. Rien n'arrêtera plus la chevauchée historique du malimba.
Au milieu des années '80 la langue malimba devient un veritable terreau de recherche academique. Un autre pic est alors franchi. Les linguistes les plus serieux du Cameroun en font même un gisement à ciel ouvert. Les grassfields ne veulent pas être à la traîne. Ils s'emparent de cet étrange objet de recherche qu'est le malimba.
C'est tout juste si les Coopérants Canadiens du mythique Collège Saint-Jean de Mbanga au pays balong et bonkeng ne l'imposent pas dans leur programme à côté du Fèèfè, la langue des nufi(Bafang) et du Duala.
C'est donc sans surprise qu'en 1988 Mademoiselle Jiewo Madeleine Alliance, étudiante en Maitrise à l'Université du Cameroun (Yaoundé) intitule son travail : Le syntagme nominal du malimba . Un succès académique fulgurant! La langue Malimba n'est plus dorénavant la propriété des seuls malimba; elle appartient désormais au patrimoine langagier du monde.
Entre le début des années '90 et et début des années 2000, il devient laboreux pour quiconque d'énumérer les nombreuses soutenances, récherches et compositions musicales qui s'articulent autour de malimba( le peuple), malimba ( la terre) et malimba ( la langue).
Voila comment une langue méjugée par des phonologues et des orthophonistes de pacotille a fini par transcender le regard torve qu'on lui portait à Douala pour devenir immortelle de l'aveu même de ses pourfendeurs. Une résurection pourrait-on être tenté de dire si le mot n'était pas aussi messianique.
Enfant malimba ne l'oublies jamais : On fini toujours par paraître immortel aux yeux du dédaigneux lorsque précédemment, il vous a profilé mollasson.
Mouboledi
Prochainement les déclinaisons malimba : A côté de l'ablatif, du datif, du vocatif, de l'accusatif, du génitif, du nominatif allemand découvrez aussi le sens caché des déclinaisons de la syntaxe malimba