LE PROBLEME FONCIER MALIMBA. Par Ndoumbè Marcelin(Rediffusion du 28 juin 2010)
Ir. Ndoumbè Marcelin recevant la légion d'honneur camerounaise.
LE PROBLEME FONCIER MALIMBA
Les Malimba occupent les terres entre l’estuaire du Cameroun (Wouri) et l’embouchure du fleuve Nyong le long de l’Océan Atlantique et à l’intérieur du continent sur une profondeur variable atteignant par endroits environ 20 kilomètres, depuis le XVème siècle. Ce territoire qui a été réduit sur sa profondeur avec l’arrivée de nos désormais frères Yakalag, n’est plus que de l’ordre de 13 kilomètres environ.
Ils sont aussi installés le long du fleuve Sanaga, de son embouchure à la ville d’Edéa.
En dehors des conflits fonciers qui existent naturellement au sein de toutes les communautés, les malimba se sont éparpillés suite à la perte de nombreuses terres dans de guerres contre ses voisines. Mais ils surent mettre à profit chaque instant de paix et de sécurité retrouvées pour reconquérir pacifiquement sur leurs adversaires des terrains que jadis le sort des armes leur avait fait perdre.
Ils rachetèrent même des bandes de rives sur la Sanaga où ils y installèrent des plantations : Bossambo-Farm, Malimba-Farm, etc… et purent de la sorte reconstituer le village de Mongombè.
Quelques dates et faits marquants ont jalonné l’histoire foncière de Malimba.
AVRIL 1883
Le roi du village Bona Bwaba, Moukoko a Manyanyè conclut avec le capitaine Godin au nom de la France, un traité dans lequel le Chef cède à la France la moitié du territoire Malimba compris entre Suelaba, Mbiako et la rivière Kwa-Kwa, plus de 50 000 hectares (500 000 000 de m²) contre une maison en zinc, l’inscription de son nom sur un pavillon français, un fusil et 1000 cartouches.
Heureusement pour les Malimba, ce traité ne fut jamais ratifié par le gouvernement français.
Las d’attendre, huit mois plus tard le Chef Moukoko signera un autre traité le 03/08/1884 avec l’Allemagne qui, par la suite prendra possession d’un terrain de 640 hectares à la pointe de Suelaba.
OCTOBRE 1911
La très grande partie du territoire Malimba est inondable en saison de pluies ou de crues du fleuve. Ainsi, le 17/10/1911, le gouvernement impérial allemand décida du transfert des villages Malimba de l’île du delta de la Sanaga vers Edéa. Fort de cette ouverture, certains Chefs et des populations constitués au sein d’un mouvement appelé « MBEMB’A MULIMBA »demandèrent l’attribution des terres à Edéa.
JUIN 1919
Le 28 juin 1919, le Traité de Versailles décide de la dévolution des immeubles à l’Etat. Toutes les possessions allemandes, dont le terrain de Suelaba de 640 hectares revient à l’Etat colonial Français, puis plus tard à l’Etat du Cameroun.
MARS 1921
Après la première guerre mondiale (1914-1918), le Commissaire de la République Française dans les Territoires du Cameroun décide le 19 mars 1921 de transférer le groupement Malimba de l’embouchure de la Sanaga vers la région proche d’Edéa comprise entre Edéa, Mongombè, Kopongo et le lac Ossa et de donner à ce territoire le nom de « NOUVEAU MALIMBA ».
Le premier Malimba s’installera dans le «NEW MALIMBA » en juin 1926.
NOVEMBRE 1932
La Réserve de Faune de Douala-Edéa est créée le 19 novembre 1932 avec les caractéristiques suivantes :
Latitude : 3.14’ - 3.50’ Nord ; Longitude : 9.34’- 10.03 Est
Superficie : 160 000 hectares
Distance de la côte atlantique : 75 km
Distance de la côte atlantique à l’océan : 13 km
Badanguè – Olombè : 40 km
Mbiako – Yadibo : 20 km
Manoka – Mben a Dikumè 15 km
La Réserve est une forêt domaniale faisant partie du domaine privé de l’Etat.
1952
Les Malimba livrent une guerre aux occupants de leurs campements de pêche (Nigérians, Béninois, Ghanéens, etc…) dans le but de libérer leurs terres. Ils avaient voulu attaquer leurs ennemis par surprise, mais malheureusement, ceux –ci les attendaient de pied ferme parce que prévenus la veille par des…Malimba. A cause de la traîtrise des nôtres, l’attaque échoua lamentablement.
1984 Les travaux de construction de la route Mouanko-Océan sont lancés.
Après études techniques en vue de sa construction, les autorités administratives locales exhortent les Malimba à occuper les terrains le long de cette voie en y créant des plantations vivrières afin de les préserver.
1988 : CONGRES DU CODECAM
Les Malimba réaffirment l’idée de construction d’un village communautaire à Yoyo, sans distinction de famille originelle (Boongo, Maljédu, Moulongo, Malmbenguè).
Pendant le Congrès ordinaire des 2 et 3 avril 1988, Mme DIKANDA Martine, s’agissant des terrains de Yoyo avait suggérée ceci : « Il est préférable que nous nous divisions par communautés villageoises pour l’obtention des titres fonciers, sinon nous risquons de le regretter après les travaux de finition de l’axe lourd Mouanko-Océan ». En guise de réponse, le Congrès avait décidé de renvoyer le problème pour « étude minutieuse au congrès extraordinaire du 07/05/1988 à Edéa.
Au Congrès Extraordinaire d’Edéa, la commission constatant qu’aucune action pour le développement n’était toujours pas entreprise sur les terrains malgré les rappels réitérés des autorités administratives et le risque que des personnes malveillantes nous dépossèdent de nos terres, elle recommanda entre autres :
- De matérialiser l’occupation du site par la création des plantations afin de justifier la mise en valeur des terrains
- De relancer le projet de développement agricole villageois qui avait été approuvé et a invité tous les Malimba qui le désirent à occuper ces sites afin de les viabiliser.
1989 Des velléités d’occupation du terrain par les étrangers.
(Corolaire de notre immobilisme)
l’ADEMA (Association pour le Développement du groupement Malmbènjè que préside Marcelin NDOUMBE) envoie une délégation s’opposer au bornage d’un terrain sollicité par un homme d’affaires originaire de l’Ouest Cameroun. C’est par la suite de cette opposition, qu’enfin s’engage au sein de l’association une réflexion visant à sécuriser nos terres.
Une étude menée sur le site de Yoyo à Suelaba aboutit aux actions ci-après :
- La plantation de cocotiers sur le rivage maritime, du débouché de la route à Yoyo jusqu’aux environs de Ngodi Kombo (arrivés sur les lieux avec des cocotiers, nous découvrons que la nature nous avait précédés dans cette action, il n’y avait plus qu’à la compléter).
- Le découpage en plusieurs lots de 99 hectares chacun de Yoyo à Suelaba répartis équitablement entre les quatre familles (Boongo, Maljédu, etc…)
C’est ainsi que les Malmbenguè sous l’impulsion de l’ADEMA montent leur dossier qui devait être signé par les représentants des villages Bolounga, Bonyinga, Bona Bwaba et Eoumba. Le dossier coince au niveau des signatures parce que feu NANGA Raymond qui était le mandataire et technicien chargé du montage des dossiers y écrit que nous sommes sur ces terres depuis nos ANCETRES BONA BWABA.
1990 Année de prise de conscience ? Les malimba qui assistent en masse à la réunion... accordent leur violon.
Après correction, et le nom BONA BWABA enlevé, le dossier finalisé fut introduit à la Sous Préfecture de Mouanko. Le branle-bas que suscite cette annonce est à l’origine de la convocation de nombreuses réunions à Douala chez le nouveau président du conseil d’administration du CODECAM, M. MOUKOURI Noé.
Lequel décide d’inviter par voie de radio tous les Malimba à une importante réunion au cours de laquelle l’ADEMA devrait s’expliquer.
Une centaine de Malimba assiste à la réunion, pour une des rares fois. Dans cette ambiance surchauffée malgré la fraîcheur de la nuit et du climatiseur, les intervenants demandent comme un seul homme, l’opposition du CODECAM ou aux Malmbenguè de retirer leur propre dossier.
Le patriarche MOUKOURI Noé a dû user de son autorité pour que l’assistance consente à donner la parole au président de l’ADEMA que j’étais. Les Malimba présents et surpris que le plus jeune de cette assistance (que j’étais si je ne me trompe) prenne la parole m’écoutaient religieusement.
Ceux qui étaient à l’extérieur du salon par méfiance ou par crainte de la sorcellerie se mirent aux portes et aux fenêtres, rendant l’atmosphère encore plus chaude.
Je ne pus expliquer la démarche de l’ADEMA décrite plus haut que de mémoire car le Plan d’ensemble avait été dissimulé par M. NANGA Raymond à mon insu, avant le début de la réunion. Il fallait faire admettre qu’un dossier de cette nature introduit dans l’administration ne pouvait être retiré. Au mieux on aurait pu demander sa suspension ou son annulation. Ensuite, je fis donc la proposition suivante :
- Les dossiers des trois autres familles étaient appelés à être montés rapidement dans le même style que celui des Malmbenguè et introduits, dans la mesure où tous les supports étaient déjà disponibles.
Cette proposition étant diamétralement opposée à toutes les interventions de la soirée M.MOUKOURI Noé demanda l’avis de l’assistance que les murmures en guise de réponse finissent par faire réagir M. MOUTYMBO Alexandre, secrétaire général du CODECAM qui proposa ceci :
« Nous allons rédiger deux lettres : une d’opposition aux dossiers des Malmbenguè s’il s’avère qu’ils ne sont pas sincères et ont voulu prendre tous les terrains, et une de suspension des dossiers en attendant l’introduction des autres dossiers afin qu’ils évoluent ensemble ».
Cette proposition fut adoptée.
Quatre personnes devaient aller à Mouanko deux jours après l’adoption de cette proposition parmi lesquelles MM. MOUKOURI Noé, M. MOUTYMBO Alexandre, NANGA Raymond. M. KUTTA DOOH Henri offrit de mettre à disposition un véhicule pick up avec chauffeur pour accompagner la délégation.
Le jour prévu, M. NANGA se posta à l’angle de la Salle des Fêtes d’Akwa, observant toutes les entrées et sorties chez M. MOUKOURI Noé. Il n’y eut point de pick up ni de M. KUTTA. Le départ prévu pour 7h00 du matin avait raté. Las d’attendre, M. MOUKOURI Noé décida de mettre son véhicule à disposition. La délégation réduite à sa plus simple expression partit vers 11h00. M. NANGA s’enfonça dans le taxi qu’il avait loué pour la circonstance, et à bord duquel il partit seul pour Mouanko.
Courroucés à l’arrivée de Mouanko où ils pensaient que M. NANGA les avait précédés, ils introduisirent sans plus attendre la lettre d’opposition. Au retour, ils s’étonnèrent de croiser le taxi transportant M. NANGA allant dans le sens contraire.
Hélas ! Le mal était fait. La plus sérieuse tentative de sécurisation des terres Malimba échoua.
2000 : PREMIERE ASSEMBLEE GENERALE ORDINAIRE DE ILIMBE ILIMBE
L a vraie ILIMBE ILIMBE : ASSEMBLEE TRADITIONNELLE POUR LE DEVELOPPEMENT DE MALIMBA, parmi les résolutions de sa première A.G.O., s’engageait dans la délimitation cadastrale des deux cantons Malimba, de Mouanko et d’Edéa.
2001
Le montage des dossiers techniques de demande des titres fonciers entre Yoyo et Suelaba est confié à M. NDOUMBE Marcelin qui apprête vingt dossiers de 50 hectares chacun au nom de la Collectivité Villageoise de Malimba. Les sept signataires pour le compte de la collectivité étaient les suivants :
BONNY Sadrack, EWANJE Théophile, NGANDO René, KUTTA DOOH Henri, NDOUMBE Marcelin, MOUTYMBO Rosette, DIKANDJO Dick Richard.
La logique du choix des signataires était la suivante : le doyen des chefs, deux chefs facilement accessibles (Yoyo I et Yoyo II), le président de ILIMBE ILIMBE, le responsable des dossiers, une élite administrative susceptible d’aider à l’avancement du dossier, une élite locale disponible.
Le président d’ILIMBE ILIMBE, M. KUTTA, chargé de s’informer auprès du cadastre d’Edéa sur les modalités administratives ramena plutôt une information à la fois surprenante et alarmante selon laquelle : « Les nouveaux textes disent qu’on n’immatricule plus les terrains au nom des collectivités mais plutôt au nom des individus ». Alarmante et grave de conséquences car, si la susdite information était avérée, il fallait reprendre tous les dossiers.
Renseignement fut pris auprès du responsable provincial du cadastre qui, comble de bonheur, se trouvait ce jour dans son bureau avec son collaborateur d’Edéa qui infirma et déclara n’avoir jamais rencontré ni tenu de tels propos à M.KUTTA.
Le président d’ILIMBE ILIMBE informé de la situation repris en mains ce dossier qu’il confia à M. TOCKO NANGA Louis pour mieux l’enterrer.
Au moment de cette décision, les deux malimba qui avaient contribué récupérèrent leur mise respective de 500 000F par personne, donc un montant total qui s’élevait à un million de francs, détenus par M. NDOUMBE Marcelin.
La deuxième tentative de sécurisation des terres avorta.
2003
Certains esprits avisés veulent s’approprier les terres Malimba du littoral marin avant la désignation du chef supérieur qui s’annonce. C’est le cas de M. MBALLE Martin (non Malimba) qui bénéficie d’un fort soutien de certains chefs et élites du canton Malimba d’Edéa.
Deux semaines avant la désignation du 26/04/2003, il invita certains chefs Malimba à Mouanko pour leur remettre un peu d’argent (des broutilles,le blog est ouvert) pour obtenir des hectares de terrains à Komb’a Moukada. Le reste du bakchich (encore des broutilles) leur sera remis quelques mois plus tard à Komb’a Moukada selon un scénario bien huilé et digne d’un film de gangsters :
Pour se rendre à Komb’a Moukada en venant de Yoyo, il faut passer devant le domicile de M. DIKANDJO Dick Richard. Les chefs, voulant se soustraire à la vue de ce dernier, avançaient en solitaire, par à coups, se dissimulant derrière des dunes de sable et des arbres. Intrigué par ce spectacle d’ombres furtives, Dick se posta tel un chasseur à l’affût et rien ne lui échappa. Le rendu de ce théâtral spectacle malsain lors des obsèques de M. Louis NYANGO à Bona Ngan (Maljédu) entraîna hilarité et désolation de la population au regard de sa bassesse et de l’humiliante braderie du patrimoine commun, mais aussi le courroux des chefs.
Le 26/04/2003, M. MBALLE arrive à Malimba, accompagné de MM. EPOU EDIMO Henri Pierre, NDJO EBOUE Emmanuel, WONJA KWIN Nicolas et autres. Venus pour fêter la victoire à Bona Bwaba, ils se retrouvèrent plutôt à Bolounga avec dans la malle arrière de leur véhicule, de véritables buvette et restaurant ambulants. Dans cette foule grouillante, M. MBALLE essaiera de me rattraper pour me remettre un document qui vraisemblablement ne m’était pas destiné. Dans son intervention, le mot terrain revenait inlassablement. Je lui demandai de me revoir après, car de mon point de vue ce n’était pas le moment ni le lieu indiqué.
Il ne reviendra plus jamais.
Acculé dans ses derniers retranchements, le chef BONNY Sadrack avouera trois ans plus tard au cours d’une réunion publique à Edéa, qu’il avait reçu une correspondance, bref un ordre de son « mbombo » le Chef Supérieur BONNY MATANDA Alexandre Michel du canton Malimba d’Edéa lui enjoignant de donner du terrain à M. MBALLE qui va développer la zone par la construction d’un centre de santé d’une école, des aires de jeux, etc… car « o titi na o tongo anga nde o cia mukada » « tu ne peux pas prétendre vouloir le sel et refuser le blanc qui en est propriétaire ».
Cette lettre au contenu scandaleux pour certains, fut lue publiquement malgré l’opposition résolue de S.M. NDJO EBOUE. Les investissements annoncés sont toujours attendus. Pendant ce temps des platations se développent pour occuper le maximum de terrain.
A partir de cet instant, la voie fut grande ouverte, pour ceux qui ont décidé de le faire, d’accorder des terrains sans limites ni codification ni réflexion, aux bana ba Mulimba, balalo, miladi, ndili, ndala, bayo, momba, momba ma bana, becimba, bèn, bakada, mindo, etc….
Bref, Malimba est devenue une jungle où les premiers et les plus futés veulent tout prendre, ne voulant rien laisser aux autres. Et la braderie est ouverte.
2009 Les autorités administratives s’en mêlent.
Le 07 avril 2009, le Sous Préfet de Mouanko s’appuyant sur le Décret n° 76/165 du 27 avril 1976, convoque la Commission Consultative chargée de la gestion du domaine national pour un constat d’occupation et/ou d’exploitation des parcelles objet des demandes d’obtention de titre foncier à Yoyo. Sur les dix postulants, à en juger par les noms, il n’y aurait qu’un Malimba.
Le 27 mai 2009, le Préfet de la Sanaga Maritime, s’appuyant sur les articles 12 et 13 du Décret n° 76/166 du 27 avril 1976, convoque la Commission Consultative en vue d’examiner les demandes d’attribution en concession de parcelles à Yoyo. Sur les trois postulants, il n’y aurait aucun Malimba.
Il y a eu d’autres dossiers à titre individuel pour des Malimba et autres pour lesquels des convocations ont été signées par les autorités.
Tous ces dossiers ont un dénominateur commun: nulle part, il n’est fait mention d’une superficie quelconque. Chacun a la latitude de prendre ce qu’il veut.
On se demande pourquoi selon l’autorité administrative qui intervient (Préfet ou Sous Préfet), les mêmes terrains ne sont pas régis par les mêmes textes.
Le terrain de Yoyo qui est dans la Réserve de Faune de Douala Edéa est une forêt domaniale faisant partie du domaine privé de l’Etat.
Or, aucune des autorités administratives ne s’appuie sur le Décret n° 76/167 du 27 avril 1976 qui fixe les modalités de gestion du Domaine Privé de l’Etat.
Les autorités administratives se trompent elles sciemment ?
2010
Le 04 janvier 2010, il y a publication de l’ « Avis au public » Portant changement du Statut de la Réserve de Faune de Douala-Edéa en Parc National
Selon cet Avis, la superficie du Parc passerait à 296 000 hectares au lieu des 160 000 hectares que comptait la Réserve. Il définit quatre enclaves dont une sur la rive droite de la Sanaga et trois sur la rive gauche. Deux enclaves concernent Malimba entièrement et une troisième en partie.
Notre compréhension des enclaves est qu’il s’agit de zones à l’intérieur du Parc, réservées aux populations autochtones.
Le 25 mars 2010, l’Arrêté n°064/CAB/PM portant création, organisation et fonctionnement du Comité interministériel de pilotage et de suivi de la construction du Méga Complexe Touristique de Yoyo par Mouanko est signé.
Dans le même temps, se terminait la délimitation du site de 10 000 hectares de terrains affectés à ce projet et englobant les campements de pêche de Ngodi Kombo, Yoyo II, Yoyo I, Mbiako, les villages Bonyinga, Eoumba, une partie de Manyè et de Bona Ndjoko.
QUELLE EST SITUATION FONCIERE DE MALIMBA AUJOURD’HUI ?
a) Canton Malimba d’Edéa
Il couvre les terrains du « New Malimba ». Mais que reste-t-il aux Malimba ? Les Malimba y ont perdu la majorité de leurs terres au profit des autres populations d’abord par notre apathie et un défaitisme rampant. L’élite Malimba du canton ne semble pas s’en préoccuper. Il nous reste à peine 1/10ème des terres de 1921 dont la propriété nous avait été reconnue.
Qui plus est nous avons créé nous-mêmes les conditions de notre propre fragilité en favorisant et autorisant sans stratégie aucune la création d’autant de chefferies non Malimba que les nôtres sachant que le désavantage du nombre nous est cruellement préjudiciable.
La situation pourtant très alarmante ne semble préoccuper ni l’élite Malimba du canton, ni le reste de la communauté Malimba.
b) Canton Malimba Océan (Mouanko)
Tout le canton est dans la Réserve, donc dans le Domaine Privé de l’Etat. Mais si d’autres personnes ont pu par le passé établir des titres de propriété sur ces terrains (surtout dans le canton Yakalag), nous aurions aussi pu le faire. La transformation de la Réserve en Parc aurait pu constituer une bouée de sauvetage. Mais l’arrivée annoncée du Méga complexe touristique vient nous priver de 10 000 hectares de terrains, la moitié du patrimoine exploitable, en échange du développement.
QU’ONT FAIT LES MALIMBA ENTRE TEMPS PAR RAPPORT A TOUS LES PROBLEMES EVOQUES PLUS HAUT ?
Il faut dire que les Malimba sont divisés en deux groupes. Cette division, à mon humble avis s’explique et trouve sa justification par le fait que leur vision des choses, l’approche qu’ils ont de l’évolution et du devenir des Malimba sont fondamentalement opposées.
1- Le GROUPE BEKOE/DIKANJO Simon
Je me permets de l’appeler ainsi parce qu’il regroupe les adeptes de la nouvelle version de Ilimbè Ilimbè, assemblée coutumière et traditionnelle du Peuple Malimba qui n’a aucun fondement (pas de Statut ni Règlement Intérieur, ni existence légale).
Leur vision par rapport à l’ensemble des problèmes Malimba a été rendue publique par leurs voix les plus autorisées le 10 août 2009, Messieurs DIKANJO Simon, MATANDA Eugène Jacques, NANGA NANGA III Sadrack Symphorien et EMANDE Simon et se résume ainsi :
« IL Y A DONC PLUS A PENSER QUE DE NOUS RAMENER CONTINUELLEMENT SUR DES HISTOIRES HEGEMONIQUES ET DE LA SPOLIATION DU PATRIMOINE DE YOYO »
Par moments, ils suivent le mouvement qu’impulsent les autres, quand ils peuvent.
ACTUELLEMENT ILS SE CHERCHENT DANS DES FORUMS OU CHAQUE MALIMBA DOIT ECRIRE CE QU’IL PENSE DE LA SITUATION ACTUELLE (LAQUELLE ?). HEUREUSEMENT POUR EUX, LE DEPOUILLEMENT ET L’ANALYSE SONT TERMINES AVANT QUE LES PREMIERES CONTRIBUTIONS NE LEUR SOIENT PARVENUES.
2- Le GROUPE MALIMBA OCEAN - Actif et Dynamique.
Il est essentiellement constitué des populations vivant à Malimba Océan et ceux des Malimba qui s’en reconnaissent et vivant aussi bien au Cameroun qu’à l’étranger (Afrique et Occident).
Leurs actions non exhaustives sont les suivantes :
A PROPOS DU PARC
- Ils ont participé les 28 et 29 avril 2006 à Douala au séminaire atelier de lancement du processus de reclassement de la Réserve en Parc
- Le 25/04/2007 à yoyo II, lors de la sensibilisation et la préparation des communautés sur ce processus, ils ont clairement exprimé le besoin que leur soit délimité un espace vital le long de la Sanaga et de la côte atlantique sur une profondeur de 10 km. Ils ont aussi proposé la dénomination du Parc en Parc National de Malimba
- Ce besoin fort argumenté a été pris en compte en partie dans la détermination des enclaves du Parc.
- En réaction à l’Avis au public, ils ont adressé une lettre de réclamations au MINFOF le 04/02/2010. Elles portaient sur :
· La création de deux nouvelles enclaves portant les noms Grande île Malimba à séparer de l’enclave I et Petite île Malimba constituant l’île BOONGO.
· La nouvelle dénomination des enclaves qui épouseront l’appellation des villages englobés
· La dénomination du Parc
· L’augmentation des superficies des enclaves I et II
A PROPOS DES TERRAINS DE YOYO
- Le 31 mai 2009, les populations ont saisi le Délégué Régional des Domaines et des Affaires Foncières d’une lettre d’opposition aux immatriculations de terrains à Yoyo (299 signataires). Elles ont eu une séance de travail avec lui.
- Le 13 août 2009, elles ont saisi le Ministre des Domaines et des Affaires Foncières des mêmes griefs et demandé la rétrocession du terrain de 640 hectares et l’attribution des terrains de Yoyo, Moukoukè et Bolondo à la communauté Malimba. Elles l’ont rencontré.
- Ces actions ont abouti à l’arrêt des immatriculations des terrains de Yoyo par des tiers.
- Mars 2010, les populations (319 signataires) ont saisi le Président de la République d’un certain nombre de doléances par rapport au Méga Complexe Touristique de Yoyo. Celles-ci portaient notamment sur la préservation de l’espace vital, la dénomination du projet, l’interférence entre les actions engagées par plusieurs ministères.
- Avril 2010, elles ont rencontré les responsables du suivi de ces projets dans différents ministères. La lettre du MINEPAT du 19 avril 2010 au SG/PR en est une illustration. Elle est le fruit de la séance de travail avec les Malimba.
- Juin 2010, elles ont adressé un second Mémorandum au Chef de l’Etat (585 signataires) qui apporte des réponses aux préoccupations émises dans la lettre du MINEPAT.
A PROPOS DE LA BRETELLE MOUANKO/ MALMBENGUE
Les populations avaient rencontré Mme le Délégué Régional des Travaux Publics pour le Littoral et avaient obtenu d’elle que cette route longue de 17 km soit une boucle passante plutôt qu’elle se termine en cul de sac à Eoumba. Ce d’autant plus que 8 km seulement sépare l’entrée de la bretelle de ce village. Le Ministre des Travaux Publics en avait été saisi. Le Sous Préfet et l’entreprise en avaient été informés.
Tout était en bonne voie dans la mesure où les responsables n’y voyaient aucun inconvénient. Une descente sur le terrain avait été effectuée par l’entreprise, MM SOPPO Silvestre, MBAPE Pierre et EDONGUE Benjamin. Malheureusement comme de coutume, certaines élites s’y opposèrent, faisant courir une folle rumeur selon laquelle NDOUMBE est entrain d’intervenir pour que la route n’arrive pas à Eoumba, qu’elle s’arrête à Bolounga. L’entreprise n’a réalisé que la moitié de ce que prévoyait le marché en quantités. Qui tire les ficelles ? La route est à nouveau recouverte d’herbes.
QUE CONCLURE ?
A chacun sa conscience. Puisse cet éclairage susciter quelque chose en chacun de nous. Pendant ce temps, les autres avancent, la roue de l’histoire est dans un mouvement continu, elle n’attend personne. Ceux qui peuvent s’arrimer trouveront un peu de bonheur, les autres, quelques larmes et elles ne tarissent pas.
Nous avons commencé par « MBEMB’A MULIMBA ». Nous pouvons terminer par « MBEMB’A MOT’A SAWA » en méditant ces quelques paroles de l’immortel EBOA LOTTIN transformées et traduites en Malimba.
Ceka tè ija épènyè bulu, o ombwé o wé, wé no iyala
Banè be jowa ipinya na oa, mbembé nye pon oa bèbèi
O sosi oa mènè muno o diho, onyola si ibènè da koli a muna tétè
Ba timbi o iniyè oa mongo, ihon’a ponda
Oho bèn pè epolo to béjédi o din itumba
E mala pon ibè oa bobé a yin ihon’a muna madiba
To bana bena wé no iya baha mala ibakwa mudumbu
O ma kanè pon tè to loko
O ma sukanè ndé iyala ija o matanda
Yé pon oa ndédi
O nongi pè yén obol’a ilemba a oa mènè o titi pè tan
Muenya moto anyi tè o itumba o ma wasa ndé inyitèdè mo
O mala ibè o bolonè dimbambè dé oa ka tik’a dihango
O ma bola né a mun’a iyo, yé pon oa bobé a mun’a hangam
Na henjèdè na yé pon oa ndedi a mun’a nyangam
Votre humble et fidèle serviteur
Marcelin NDOUMBE
(Nya Mulimba)