EDITION SPECIALE: EMOI AU CAMEROUN, DES ENFANTS MALIMBA DISPARAISSENT
Neuf enfants Bolounga disparaissent à Malimba
Après l’intervention du BIR à Yoyo/Malimba le 22 août 2013 pour délivrer des enfants béninois et togolais qu’un trafiquant d’êtres humains d’origine ghanéenne basé à Yoyo s’apprêtait à livrer au Gabon, c’est le tour de Malimba de connaître la plus grande disparition d’enfants jamais connue depuis l’existence de notre communauté.
Tout commence aux premières heures de la journée du 30 août 2013 quand des enfants, un peu plus grands décident de se rendre dans la forêt à la recherche d’escargots. Leurs jeunes frères et sœurs 4 filles et cinq garçons âgés de 6 à 12 ans veulent se joindre à eux. Face au refus des aînés, les plus jeunes décident de faire bande à part. Ils rentreront à leur tour dans la forêt quelques heures après, vers 9h30mn par une piste différente. Les aînés rentrent vers midi et les plus jeunes sont encore portés disparus. Les deux groupes ne se sont pas rencontrés dans la forêt.
Le ramassage d’escargots en vue de leur commercialisation aux communautés étrangères (nigériane, ghanéenne, libérienne, etc…) installées dans les campements de pêche est une pratique qui tend à s’installer dans les villages Malimba chez les enfants. Ils marchent en file et le premier qui aperçoit un escargot crie « piqué » c'est-à-dire l’escargot lui revient. Ils revendent les escargots au village aux personnes qui en ont reçu commande.
A la tombée du jour, les jeunes enfants ne rentrent pas et leurs parents s’inquiètent. Le Chef du village Edonguè Benjamin in forme le Sous Préfet de Mouanko. Les premières recherches démarrent donc ce 30 août vers 17h pour s’achever tard dans la nuit vers 23 h. Elles reprennent le lendemain à 5h du matin. Les équipes de recherche se relaient quand elles sont à bout de force. Le Sous Préfet de Mouanko est à nouveau informé et promet d’envoyer deux agents des « eaux et forêts ». En fin de journée du samedi quand elles rentrent bredouilles, les premiers soupçons de disparition liée à des pratiques occultes commencent. Les « voyants » (bato ba ngambi) sont consultés en dehors du village et chacun donne sa version. Comme il fallait s’y attendre, les soupçons tournent autour des vieux du village et le chef. Tantôt 2 personnes sont concernées, tantôt 4. Les recherches reprennent le dimanche 1ér septembre sans succès. Au retour des « chercheurs » la tension monte, on frôle l’émeute.
Le lundi, les populations repartent dans la forêt d’où elles rentrent rapidement pour aller manifester à Mouanko, abandonnées qu’elles estiment être. Hommes, femmes, enfants, vieux, jeunes ont été stoppés à Nkak a nzog par le Sous Préfet qui ne souhaitait pas que l’inauguration du CETIC de Mouanko par le Ministre Bapès prévue ce jour soit perturbée par cette manifestation. Il réussit à calmer les manifestants en promettant de se rendre à Bolounga après le départ du Ministre : ce qu’il fit.
Il encouragea les populations à reprendre les recherches le lendemain et jusqu’aujourd’hui, aucune trace d’enfant.
Voici la liste des enfants perdus et leur mère
EBELLE Marthe Blanche ( 3 enfants)
- Ebènyè Madeleine 9 ans
- Etongo Ernest 12 ans
- Sappy Cathérine 12 ans
PEMBE Julienne ( 3 enfants)
- Missango Denis 12 ans
- Pèmbè Julienne 10 ans
- Soppo François 6 ans
MALEA Marcelle Hortense ( 1 enfant)
- Moamianguel Eugène 12 ans
DINH Marthe (décédée) (1 enfant)
- Ihowè Corine
ABOGO Elisabeth (1 enfant)
- Olinga Jean Claude
Les populations se sentent abandonnées à leur sort.
Depuis la disparition de leurs enfants, les populations n’ont pratiquement pas bénéficié d’encadrement.
- Deux agents des « eaux et forêts » sont passés se renseigner le 31 août et sont repartis un quart d’heure après pour ne revenir que le mercredi 04 septembre.
- L’adjoint d’arrondissement accompagné du commandant de brigade et quelques éléments des forces de l’ordre sont passés le dimanche matin pour repartir une heure après avoir tenu une réunion avec les populations chez le chef. L’adjoint a menacé de confondre tout le monde, chef et anciens, au cas où les enfants n’étaient pas retrouvés.
- Le Sous Préfet est passé le lundi soir après les injonctions du Préfet de retrouver ces enfants « morts ou vifs ». Il est revenu le mardi, le mercredi et ce jour jeudi 05/09/2013.
- De toutes les élites Malimba ayant assisté à la cérémonie d’inauguration du CETIC de Mouanko (à 7 km de Bolounga), aucune d’elles n’est allée s’enquérir de la situation à Malimba. Pourtant Ayayi Edoubé, Ebwéa et tous les frères Bakoko qui vont solliciter les suffrages des Malimba le 30 septembre, ne s’émeuvent pas.
- D’après mes sources, il y a eu quelques rares exceptions : Janéa Ndoumbè qui a coordonné les opérations de recherche les samedi 31 août et dimanche 1er septembre ; Engolo qui est passé réconforter les populations ; le Ministre Yondo qui a sensibilisé le Préfet, informé les autorités de Yaoundé, déployé les médias sur le terrain et réconforté les populations.
Quelle est la situation ?
Sept jours après, les recherches s’intensifient les autorités ont pris les choses en mains. Aucune hypothèse n’est exclue :
- Le kidnapping des enfants et leur transfert vers des destinations inconnues.
- Les pratiques occultes. Cinq personnes originaires de Bolounga sont en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Mouanko, d’autres arrestations ne sont pas exclues.
Il y a lieu d’avoir le frisson quand on connaît toutes les pratiques odieuses qui ont court sous nos cieux : trafic d’organes, trafic d’ossements, trafic d’êtres humains.
L’heure est venue pour les Malimba de se montrer solidaires sinon, tout va voler en éclats.
Mes sincères encouragements aux familles éprouvées.
PIERRE EMBONGO