LE DEVENIR HISTORIQUE DU PEUPLE MULIMBA. Par Eboute Daniel
Animation sur les berges de Bolunga
La réalisation historique de tout peuple tient à une dialectique fondamentale : construction, déconstruction, reconstruction .Et le peuple Mulimba n’échappe pas à cette logique de l’histoire.
Historiquement, la période de construction s’identifie à celle de l’installation définitive du peuple Mulimba dans son site actuel, au-delà des découpages administratifs marqués par des cessions foncières impérialistes donc, arbitraires et des luttes de résistance des enfants malimba contre la spoliation de leurs terres .Une autre caractéristique fondamentale de cette époque glorieuse, est l’élaboration d’un code normatif censé réguler les rapports interindividuels et ceux, entre les administrateurs locaux (les chefs et leurs suites) et leur peuple. Ce qu’il faut retenir de cette période est qu’en ce moment, le peuple Mulimba se considère comme une réalité pleine et entière capable de faire basculer l’Histoire en sa faveur. Nous ne citerons pas la détermination des figures emblématiques comme Ebué’tongo et son fils, Mukok’a Manyanyè … dans leur opposition contre l’usurpateur colonial. C’est la période de fierté Mulimba. Malheureusement, elle ne sera que de courte durée, au regard des contradictions inhérentes aux manœuvres de déstabilisation coloniales mais surtout, en raison de la complicité de certains frères, en quête d’enrichissement personnel, avec la machine répressive locale et étrangère.
La période de déconstruction elle, est marquée par la déchéance de l’organisation historique du peuple Mulimba sur tous les plans : désorganisation politique et économique, luttes sociales intestines, guerres de succession, divisions internes, négation de l’identité mulimba (plusieurs enfants malimba se sont convertis duala , bakoko, basa’a…). Brièvement, c’est une période de déstabilisation totale. Le désenchantement est si consistant que les Malimba n’ont plus de repères. Ceux des fiers enfants malimba qui n’ont pas eu honte de leur situation historique, se sont échinés à ressusciter l’esprit de corps Mulimba par tous les moyens humainement valables. Cette dernière activité prépare le dernier grand mouvement de la dialectique que nous avons nommée, la reconstruction. Les luttes actuelles qui caractérisent le peuple Mulimba sont émulatrices de progrès en ce sens, qu’elles éclairent des zones d’ombres qui auraient pu se constituer comme des écueils infranchissables. Ce qui importe dans cette perspective, est l’identification des problèmes les plus fondamentaux et l’élaboration rigoureuse des solutions les plus viables à long terme. C’est à cette tâche que semble se ruer aujourd’hui tout descendant mulimba fier de l’être. Le progrès historique du peuple malimba passera par trois points à savoir :
La reconstruction caractérise la période actuelle. Elle se détermine essentiellement par le rassemblement des enfants malimba au sein d’une vaste organisation nommée Ilimbè ilimbè. La mission fondamentale de cette entité est de promouvoir le devenir historique du peuple Mulimba. Mais comment y parvenir alors que les enfants malimba semblent se constituer eux-mêmes comme les négateurs acharnés de leur devenir ? Il n’y a qu’à évoquer les luttes contemporaines intermalimba qui fragilisent et éparpillent les descendants de ce peuple pour s’en convaincre. Seulement, peut-on, de manière objective, penser le progrès sans luttes , étant entendu que celles-ci sont des contradictions se constituant en dernière analyse, comme des dynamiques censées impulser la reconstruction ?
*l’émulation intellectuelle,
*les investissements économiques communautaires,
*la réalisation des grands projets.
D’autres points peuvent exister. Ces trois que nous considérons comme les plus essentiels, couvrent à notre avis, tous les autres domaines. Car, un peuple intellectuellement représentatif, économiquement fort et qui manifeste son être-dans-le monde par la réalisation des projets de grande envergure, imprime de manière consistante sa marque dans l’hstoire. Revenons sur chacun des points.
L’émulation intellectuelle
Elle consiste à encourager les jeunes malimba à > ,à fournir des efforts pour acquérir, de manière essentielle des connaissances qu’ils devront mettre au service de l’humanité mais, de leur peuple ,en premier lieu.la réalisation d’une telle chose demande que les Malimba mettent sur pied un fonds communautaire d’octroi des bourses à ceux des leurs, élèves et étudiants qui se distinguent au cours de leurs études ,par d’excellents résultats. Les bons résultats ne ressortissent pas du miracle .On y parvient par un travail rigoureux et constant. Mulimba a une réserve d’enseignants excellemment outillés, tous cycles confondus, capables d’entraîner les leurs à l’excellence académique. Nous pouvons créer des pôles par villes et ça marchera. Les Malimba de la diaspora ne sont pas exclus.
Les intellectuels, lorsqu’ils portent en eux l’idée de réalisation historique de leur communauté, deviennent les défenseurs de celle-ci. Une autre préoccupation est celle de la nécessité d’une présence politique valable des malimba sur la scène nationale mais aussi, dans les autres grandes sphères de l’espace administratif central. Loin de nous, toute idée de convoitise déloyale. Nous pensons seulement que, si les autres communautés sont sérieusement représentées, il est de notre devoir de faire partie de cette compétition en vue de la construction de notre pays. Commençons donc, pour ce projet à réhabiliter les écoles de notre région, organisons des cours de vacances dès le mois d’Août mais avant cela, essayons de recenser nos jeunes gens candidats aux examens officiels et apportons leur ce que nous pouvons. Cette tâche semble difficile mais pas impossible.
Les investissements économiques communautaires
L’argent dit-on , est le nerf de la guerre .Cela signifie que si le peuple Mulimba dispose des assises économiques importantes,il peut financer des investissements capables d’impulser le développement de son espace vital. Le tourisme par exemple, est générateur de capitaux et notre village est, comme le reconnaissent plusieurs personnes, >. Nos eaux regorgent d’espèces de poissons de toute nature ; on peut tenter la pisciculture, l’agriculture n’étant pas mise à l’écart…Bien d’autres domaines d’investissement capables de promouvoir le développement de chez nous existent .Battons -nous.
La réalisation des grands projets
Nous pouvons avoir les projets les mieux ficelés du monde mais si nous ne les réalisons pas, ils restent et demeurent des phrases éloquentes mais sans vie, appelées à disparaître sans laisser de traces. Ce seront des phrases innocentes parce qu’elles n’ont jamais demandé à être formulées .Mais nous, nous le serons car, coupables de les avoir formulées. Le tribunal de l’histoire nous condamnera.
En réalisant tous ces grands projets, nous nous imposons à l’histoire comme des entités pleines et entières valables parce que, notre avis pèsera aussi lourdement sur les grandes décisions nationales.
Le devenir historique du peuple Mulimba est un grand chantier communautaire qui exige que chacun apporte une contribution. C’est impératif. Nul ne peut s’y dérober. L’urgence de cette tâche devrait nous pousser à faire table rase de nos projets égoïstes, sources des crises intestines, et nous investir avec détermination, à surmonter les contradictions favorables à notre progrès.
Auteur : EBOUTE Daniel