Découverte: Emilinne N. Soué, une Directrice de publication Malimba à la plume bien trempée
Le frère Serge Dallé Lothin (photo) a lu et sélectionné pour vous le journal camerounais " LE DROIT". Très pédagogue, ce périodique spécialisé dans les questions juridiques se veut aussi proche du citoyen.
Au moment où les Malimba sont devenus chatouilleux sur la question foncière de leurs territoires, il n'est peut-être pas inintéressant de débattre sur cet éditorial de notre soeur Malimba Emilienne N. Soué.
Ma
terre à moi !
Aborder la question de la gestion
foncière au Cameroun, serait comme s’attaquer aux Douze
Travaux
d’Hercule, tant la tâche n’est pas du tout aisée. Le législateur continue
à
grand renfort de textes aménagés et réaménagés depuis la période
coloniale
jusqu’à
nos jours, de trouver le juste milieu entre notre culture foncière et
la
culture foncière occidentale. Par conséquent, le sujet mérite plus que
notre
attention: parce que la terre a toujours été une mamelle nourricière ;
parce
qu’elle a perpétuellement généré des conflits, décimant des familles
entières;
parce qu’il y a antagonisme entre le droit coutumier et le droit
moderne;
parce qu’il y a l’obligation de constituer la réserve héréditaire
lorsqu’on
fait des transactions immobilières ; parce qu’il faut rendre son droit
opposable
avant de vendre ; parce que nous sommes analphabètes de notre propre
culture
et des lois qui régissent la gestion foncière dans notre pays. La liste
des
″parce que″ est très longue…Tout le monde a raison et tout le monde
a
tort! D’un côté la législation avec sa logique de morcellement du bien
commun
pour
en faire des propriétés privées (avec le titre foncier comme une garantie
!)
et de l’autre, la logique ancestrale de l’identification à la terre :
quand on
cède
son terrain, c’est un peu son âme qu’on cède. Quand on en est dépossédé,
c’est
la disparition de sa généalogie, de sa culture, c’est la mort certaine.
Que
deviendrons-nous,
si nous perdions nos villages, ces havres de paix qui sont pour
nous
autant de points de repères que de points d’ancrage ? Toutefois,
″la loi est dure,
mais c’est la loi″. Il revient donc au législateur de
trouver des compromis intégrant dans la
réglementation,
des aspects géographiques, historiques, coutumiers, culturels,
sociologiques etc., qui concourront à la pacification de la société.
Emilenne N. Soué (Source Le Droit N° 006 février/mars 2010)
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Correspondance de B. Diboto, Sélection de S. Dallé Lothin pour la Rédaction